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Enquête auprès de jeunes Montréalais sur leurs pratiques sociales et linguistiques dans les blogues de type réseaux sociaux

Nathalie LACELLE et Monique LEBRUN



Abstract

A survey was led with 165 young Quebeckers of the region of Montreal on their social and linguistic practices in the social network blogs. The students had to identify themselves according to an ethnolinguistic autolocation. Their answers to the first part of the survey are about their use of French in the everyday life and the second, about their linguistic and social manners on the social networks. The survey highlights among others the attachment of the French speakers of origin to their mother tongue, the low rate of bilingualism of the English speakers of origin and adoption, the fascination for the aura of English for all of the subgroups and especially the superiority of the social use of Web 2.0 on any ethnolinguistic consideration.

Résumé
Une enquête a été menée auprès de 165 jeunes Montréalais de milieux plurilingues et pluriethniques afin de comprendre la relation entre leur sentiment d’appartenance à certaines communautés linguistiques et leurs pratiques médiatiques sur le web 2.0. Les jeunes devaient s’identifier selon un autopositionnement ethnolinguistique. Leurs réponses à la première partie de l’enquête rendent compte de leur usage du français dans la vie quotidienne et la seconde, de leurs usages linguistiques et sociaux sur les réseaux sociaux. L’enquête fait ressortir entre autres l’attachement des francophones de souche à leur langue, le bilinguisme mitigé des anglophones de souche et d’adoption, la fascination pour l’aura de l’anglais et surtout la primauté de l’usage social du web 2.0 sur toute considération ethnolinguistique

Introduction

On doit à Prensky (2001) la lumineuse appellation de «natifs du numérique» (digital natives) appliquée aux jeunes usagers du Web. Selon lui, ils consomment et assimilent rapidement les informations numériques et préfèrent les contenus multimédia aux simples textes. Ils accordent une grande importance à la collaboration et au réseautage. Ils vivent dans le présent tout en existant simultanément dans plusieurs espaces-temps, tout à tour éclatés et intimes.

Nous avons voulu sonder les usages des jeunes Montréalais du cours secondaire relativement à un phénomène récent, soit les blogues1. Cela nous semblait une façon bien particulière de vérifier l’usage du français sur le web, puisqu’il s’agit d’une population plurilingue et pluriculturelle vivant sur un territoire, le Québec, où le français est la langue officielle. Nous aborderons la question des blogues en général, avant de préciser notre méthodologie d’enquête. L’analyse des résultats fera la part des usages sociaux et linguistiques des jeunes lors du «blogging», ce qui devrait nous éclairer sur la place du français dans l’univers médiatique de cette population.

1. Les blogues et les adolescents

Jusqu’à récemment, les Internautes disposaient de deux formes distinctes d’outils de communication : les pages ou les sites personnels et les forums ou les listes de discussion. Avec l’arrivée des blogues, ils ont enfin accès à un dispositif hybride permettant «des modalités variées et originales de mises en contact» ainsi qu’une «mise en récit de leur identité personnelle» allant de l’auto-publication aux échanges entre blogueurs (Cardon et Delauney-Téterel, 2006: 3). L’avantage des blogues c’est qu’ils permettent à un ensemble d’individus (contacts) de tisser des liens autour d’énoncés «à travers lesquels ils produisent de façon continue et interactive leur identité sociale» (ibid.). Alors que la messagerie instantanée avait la cote auprès des jeunes internautes dans les années 2000, elle a été rapidement remplacée par les blogues de type réseaux sociaux qui connaissent actuellement un succès évident avec l’arrivée de Facebook, Myspace, Twitter, etc.

Ces «blogosphères» ou «réseaux sociaux» s’inscrivent dans la suite logique de pratiques déjà développées chez les jeunes, soit de communiquer de manière virtuelle entre eux leurs angoisses, leurs joies ou les sorties prévues (cinéma, spectacle…). L’adolescent s’exprimerait «plus personnellement et plus émotionnellement sur sa vie et surtout ses passions» à l’intérieur de ces espaces virtuels contrairement à l’adulte, qui préfère échanger sur l’actualité (Orban, 2005: 39).

Selon Fluckiger (2006: 29) les blogues constituent un «outil d’entretien de la sociabilité en mode connecté, une mémoire collective des sorties passées, ou encore un outil d’échange de données, de photos, d’informations…» . Cela explique le fait que l’identité du blogueur soit révélée à ses pairs ainsi que de nombreuses informations personnelles. Les blogues ne s’inscrivent pas dans «une logique d’anonymat», selon Delauney-Téterel (2008: 3), mais plutôt de communauté constituée autour de caractéristiques communes. Selon Orban (2005: 39), la marque la plus flagrante de cette identité communautaire des jeunes reste langagière : «ils utilisent de façon quasi-systématique un langage abrégé, phonétique et peu soucieux des règles grammaticales ou orthographiques» qui se compareau langage SMS des téléphonesportables.

D’après Delauney-Téterel (2008), les adolescents blogueurs commencent par accepter dans leur réseau personnel les personnes les plus proches, soit les amis et parfois la famille. Les «amis» en question sont des pairs, camarades de classes, amis d’enfance, copain de voisinage, etc.Les jeunes blogueurs relatent très souvent les activités communes au groupe à travers la photo ou de courts textes, souvent en SMS. Les nouveaux produits technologiques tels qu’ordinateurs, portables, cellulaires, téléphones intelligents modulent les habitudes d’utilisation des blogues chez les adolescents à l’affût de nouveautés et d’occasions de socialiser, rendant rapidement désuètes les recherches sur ces pratiques. Alors que la recherche de 2006 de Piette, Pons et Giroux témoigne de jeunes peu intéressés par les blogues, quatre ans plus tard, ils en sont mordus !

2. Présentation du contexte de l’enquête  et du questionnaire

Les adolescents sondés à partir d’un questionnaire pour notre étude sur leurs pratiques sociales et linguistiques dans les blogues proviennent de deux écoles francophones de l’ouest de l’île de Montréal, là où on retrouve une forte concentration d’anglophones et d’allophones. Ils sont âgés entre 14 et 17 ans et répartis entre la troisième et la cinquième secondaire. Nous avons recueilli les réponses de 165 répondants au total, 12 non-blogueurs n’ayant pas été retenus. Si l’on compare ces résultats à ceux de l’enquête française de Bigot et Croutte (2009) dans laquelle un adolescent sur deux fait partie d’un «réseau social» sur Internet, le pourcentage de blogueurs est très élevé dans notre échantillon. L’une des deux écoles étant fréquentée uniquement par des filles, cela explique le déséquilibre entre les sexes des répondants (41 garçons et 124 filles). Nous ne pourrons donc faire des comparaison significative entre les pratiques des garçons et des filles. Nos résultats démontrent toutefois que les différences entre sexes sont à peine perceptibles alors que celles basées sur le positionnement ethnique s’avèrent significatives.

2.1 Le questionnaire et les sous-populations de l’enquête

Le questionnaire est divisé en trois parties: la première partie touche les renseignements généraux, la deuxième les pratiques sur le web, et la troisième la langue et les blogues. La première partie comporte 17 questions qui visent à dresser le portrait de notre échantillon sur le plan identitaire. La seconde comprend 11 questions sur la nature, la fréquence et l’usage des blogues. Les 13 questions de la troisième partie sondent les pratiques sur les blogues en lien avec l’utilisation de la langue française. Nous avons divisé les sujets en cinq sous-populations selon un auto-positionnement des sujets en lien avec leur identification linguistique et culturelle. À l’une des questions de la première partie du questionnaire, les sujets devaient choisir parmi cinq énoncés celui qui correspondait le plus au groupe ethnolinguistique (communauté culturelle) auquel ils appartiennent, soit A= francophone de souche (ou d’origine); B = anglophone de souche (ou d’origine); C = allophone2 de souche (c’est-à-dire, autre que francophone ou anglophone); D = francophone d’adoption (c’est-à dire, d’origine autre, mais s’identifiant surtout aux francophones); E = anglophone d’adoption (c’est-à-dire d’origine autre, mais s’identifiant surtout aux anglophones). Nous avons traité les résultats en fonction des regroupements autour de ce que nous nommerons les sous-populations A, B, C, D et E. Nous avons 25 sujets dans la population A, 46 dans la population B, 36 dans la population C, 27 dans la population D et 31 dans la population E, pour un total de 165 sujets, dont 41 garçons.

Ceux quise définissent comme francophones et anglophones de souche sont pour ainsi dire tous nés au Canada, ce qui est en fait normal. Les allophones de souche ne sont pas issus de pays francotropes3, les francophones d’adoption sont surtout nés au Canada et en pays francotropes et les anglophones d’adoption sont surtout nés au Canada et dans des pays non francotropes. Chez les francophones de souche, toutes les mères ou presque sont soit des francophones de souche ou de pays francotropes. Chez les francophones d’adoption, 16 sur 26 sont soit du Canada, soit de pays francotropes. Les anglophones d’adoption, au contraire, ont un peu plus de mères nées en pays non francotropes, si elles ne sont pas nées au Canada. Ceux qui se disent allophones de souche se démarquent des autres sous-populations par le fait qu’une forte minorité est née hors du Canada, d’où, peut-être, le désir de ne s’identifier ni aux francophones ni aux anglophones.

2.2 Le contexte montréalais et les pratiques linguistiques

Selon des statistiques récentes (St-Laurent, 2008), Montréal est la ville avec le plus haut taux de bilinguisme français-anglais au Canada (47,7 % de la population déclare des compétences dans les deux langues officielles). Or les répondants de notre enquête sont des urbains (Montréal et banlieues de l’ouest de l’île) et sont donc confrontés quotidiennement à la diversité linguistique et culturelle montréalaise et au clivage franco-anglais. Toujours selon St-Laurent (2008), l’identité des populations vivant dans des quartiers multilingues à Montréal serait ainsi «hybride et fluide». Le contexte multilingue dans lequel ont grandi les jeunes participants de notre enquête reflète une réalité partielle des jeunes Québécois, soit de Montréalais appelés quotidiennement à s’exprimer dans les deux langues officielles : le français et l’anglais. Ces jeunes sont issus d’un milieu plus diversifié sur le plan linguistique et culturel que jamais (St-Laurent, 2008 : 93). Ainsi, l’«hétérogénéité grandissante de la population du Québec vient bousculer les repères identitaires autrefois bien ancrés», soit de parler français. Alors que pour les francophones de l’extérieur de Montréal la langue est constitutive de l’identité québécoise, pour la majorité des anglophones la langue française et la culture québécoise ne sont pas indissociables: ils parlent la langue française mais n’adhèrent pas à la culture québécoise, c’est-à-dire qu’ils ne se reconnaissent pas dans les valeurs et le mode de vie des Québécois francophones, qui sont les majoritaires.

D'après Lamarre (2001), les allophones québécois constituent le groupe le plus multilingue du Canada et, fort probablement, de l'Amérique. Dans notre enquête, bien que leurs parents soient d’origine «autre» que francophone ou anglophone, 16 francophones d’adoption sur 27 déclarent le français comme leur langue maternelle, ce qui est une plus forte proportion que celle touchant l’anglais pour les anglophones d’adoption, qui choisissent plus volontiers une langue tierce, lorsqu’on leur demande qu’elle est leur langue maternelle. Quant à ceux qui se désignent comme des allophones «purs», ils ont les mêmes comportements que les anglophones d’adoption sur ce sujet. Dans notre enquête, le degré de polyglottisme vient de la provenance ethnique des sujets. Même ceux qui se définissent comme anglophones purs n’ont pas une origine purement anglophone  (ce sont souvent des allophones d’origine ayant choisi l’anglais comme langue d’usage), et les langues tierces qu’ils parlent couramment attestent cet état de fait. La seule langue non dépendante de l’origine ethnique est l’espagnol, qui s’enseigne dans nos écoles. L’arabe occupe une place ambiguë, étant à la fois parlée par les francophones d’adoption et les allophones d’adoption. Quant à l’italien, des raisons historiques expliquent sa présence: immigration d’avant la loi 1014 et droits acquis grâce à la clause «famille» dans les écoles anglaises. Les recherches de Lamarre (2001) soulèvent la question du trilinguisme québécois: selon cet auteur, celui-ci contribuerait à des dynamiques d’échanges et de rapports sociaux en constante évolution.

2.3 Les jeunes et l’usage du français en général, selon notre enquête

Nous avons interrogé les jeunes pour savoir si leur langue d’usage actuelle est différente de leur langue maternelle. En général, les deux langues (maternelle et d’usage) coïncident mais vers la baisse en ce qui regarde la langue d’usage : les francophones de souche et d’adoption sont plus nombreux à désigner le français comme leur langue maternelle que comme leur langue d’usage. Les anglophones de souche ne répondent pas à la question (comme si la réponse allait de soi, car, en fait, leur langue d’usage est toujours leur langue maternelle, dans un contexte québécois où l’anglais a des droits très affirmés et protégés par la loi) alors que les anglophones d’adoption sont écartelés. En général, vu le taux élevé de non-réponses, les répondants semblent trouver difficile de définir leur position. Une autre donnée qu’il faut mettre en relief est celle portant sur la fréquence d’utilisation de la langue française chez ces sous-populations. Nous constatons, par exemple, que les anglophones de souche et d’adoption ne parlent le français à un pourcentage significatif qu’à l’école. Les francophones de souche et d’adoption ont également ici des comportements qui se ressemblent. Quant aux allophones purs, ils sont versatiles, plus du tiers acceptant de parler français avec les amis ou dans les fréquentations sociales, mais semblant plus souvent s’adresser en anglais dans les magasins.

Lorsqu’on leur demande de choisir une langue pour communiquer oralement, les clivages apparaissent nettement chez les allophones purs et les allophones francophones d’adoption: ils sont divisés entre le français et l’anglais. Les anglophones d’adoption, eux, sont unanimes: c’est l’anglais qu’ils préfèrent. Les francophones d’adoption parlent plus souvent le français avec leurs parents que les anglophones d’adoption ne parlent anglais avec les leurs. On constate sans surprise que les grands-parents des francophones d’adoption sont plus francophones que les grands-parents des anglophones d’adoption ne sont anglophones, puisqu’ils sont souvent de pays francotropes. Même les grands-parents des anglophones purs sont en partie d’origine autre. Avec les amis, même les francophones sont en partie partisans d’un mélange français-anglais (entre le quart et le tiers le font), alors que c’est une tendance résiduelle pour les deux types d’anglophones.

Ce qui ressort des recherches à ce sujet, c’est que les jeunes Montréalais aiment non seulement passer d’une langue à l’autre, mais aussi les mélanger. Selon l’étude de Piette et al. (2006), ces pratiques seraient particulières à la métropole montréalaise. Cette tendance se confirme dans notre enquête lorsqu’on questionne les élèves sur leur usage des langues à l’extérieur de la maison et de l’école : le tiers au moins des francophones de souche utilise plus l’anglais; le tiers des allophones purs utilise surtout le français ; peu de francophones d’adoption (environ le quart) utilise l’anglais. Faut-il attribuer de pareils chiffres à la localisation géographique des écoles (dans l’ouest de l’île de Montréal)? En fait l’environnement premier (la famille) et lieu de vie (ouest de l’île) ont une influence sur les pratiques quotidiennes de la langue et le choix d’une langue.

Il faut se demander si ces pratiques se reflètent sur le web et donc si les frontières du réel créent des balises aux territoires virtuels fondées sur les pratiques linguistiques. Et puisque les territoires web sont plus «poreux», comme le disent Piette et al., quant à l’infiltration de différentes langues - même dans ceux dont les interfaces apparaissent dans une langue -, il faut comparer les lieux d’échange réels aux lieux d’échange virtuels. Les premiers résultats de notre enquête portent à croire qu’il existerait un véritable «libre-échange des langues» (Piette et al., 2006) dans la vie, tout comme sur le web chez les jeunes Montréalais.

3. Analyse des usages sociaux des blogues (réseaux sociaux)

Plus de 61% des répondants, tous sexes et origines ethniques confondus passent de quelques minutes à deux heures par jour sur les blogues. Voyons quels sont les plus fréquentés et pour quelles raisons.

3.1 Les blogues (réseaux sociaux)les plus fréquentés

La suprématie de Facebook est incontestable. Au total 83,63% des répondants le placent dans les deux premiers choix (en fait, souvent un premier choix loin derrière le 2e puisque MSN ne récolte que le tiers des occurrences). L’origine ethnique semble ne pas jouer ici. Selon l'enquête de l’Institut de mesure d’audience Médiamétrie (Bouteiller, 2009), les sites les plus fréquentés par les jeunes sont Facebook, Copainsdavant.com, Skyrock.com et OverBlog.com. Facebook dépasse toutes les attentes avec une moyenne de plus de trois heures par mois. D’ailleurs, avant Facebook, les blogues occupaient une place somme toute assez marginale dans l’intérêt des adolescents (Piette et al. 2006). Il faut donc distinguer l'«avant Facebook» de l'«ère Facebook», qui a transformé l'intérêt des jeunes pour ce genre de blogue. La popularité de Facebook s'explique certainement par le fait que cette plateforme offre à la fois les services de clavardages («chat») ainsi que des nouveaux produits: jeux en ligne, regroupements en catégories de destinataires, lieux de paroles publiques ou privées...

3.2 Les caractéristiques des correspondants

Au sujet du nombre de personnes qui partagent avec les sujets leurs blogues préférés, nous ne donnerons ici que les résultats sur Facebook, toutes populations confondues puisque l’origine ethnique semble ne pas jouer. La norme la plus répandue est de bloguer avec plus de 300 personnes. Nous croyons que le fait d’avoir un large réseau d’amis sur le web relève à la fois d’une caractéristique générationnelle (natifs numériques) et du groupe d’âge (adolescents). Comme nos répondants ont moins de 20 ans, il n’est guère surprenant que la majorité des correspondants soient dans la même tranche d’âge (soit environ de 60 à 85% des correspondants, selon les sous-populations), le reste s’éparpillant dans les autres tranches d’âge. Les amis sont largement prédominants sur Facebook et la famille occupe entre 8 et 12% des échanges, le contact avec les étrangers restant marginal (de 1% à 7%). Les anglophones de souche sont la seule population semblant utiliser beaucoup Twitter: les filles se démarquent ici, car 40% des échanges sont avec la famille. Un autre fait saillant est que les allophones des trois sous-populations mentionnent les contacts avec leurs familles à l’étranger. Même si dans l’ensemble le pourcentage de l’intégration d’autres groupes d’âge est faible, il est selon nous significatif d’une ouverture à de nouveaux destinataires. À l’ère du clavardage, ceux-ci étaient plus restreints aux adolescents. L’élargissement du public à d’autres générations influence certainement le contenu et la forme des messages.

3.3 Les raisons de la fréquentation des blogues (réseaux sociaux)

Il existe un fort pourcentage de répondants choisissant d’aller sur les blogues pour rester en contact avec des amis (de 81% à 100% selon les sous-populations) et un pourcentage constant de répondants dans toutes les sous-populations, soit 44.96%, pour lesquels il est rare ou inexistant de chercher à exprimer leur opinion sur les blogues.Quelle que soit la sous-population et sans égard au sexe, les répondants ne se soucient guère d’échanger avec d’autres francophones (de 66,66% à 88,88% d’entre eux, en fait, selon la sous-population). Les jeunes ne sont jamais passifs sur les blogues, c'est-à-dire qu’ils ne les fréquentent pas à titre unique de spectateur. Plus de la moitié y vont toutefois pour tuer le temps. Selon les sous-populations (mais en excluant les francophones de souche) et sans égard au sexe, les répondants se disent «jamais» ou «rarement d’accord» (de 62,96% à 86,11%), pour se trouver de nouveaux amis sur les blogues.

Pour toutes les sous-populations et les deux sexes confondus, une tendance est importante: selon les sous-populations, de 48,27% à 84% ont leur page web sur un blogue, les francophones de souche l’emportant et les francophones d’adoption étant les moins nombreux. De 55,55% à 69,23% de répondants, selon la sous-population, sont d’accord pour affirmer «fortement» et «très fortement» que les blogues permettent d’échanger des photos avec les amis.En excluant les francophones d’adoption (très dispersées), de 25% à 45% de répondants, selon la sous-population, sont d’accord pour dire «très fortement» et «fortement» que les blogues permettent d’échanger des informations et des points de vue avec des amis. Cet usage est donc moins répandu que les précédents et nous rappelle les résultats des répondants disant qu’ils ne cherchaient jamais ou rarement à exprimer leur opinion sur les blogues.La préférence des garçons à bloguer en anglais ne se distingue pas de celle des filles. Selon les sous-populations, de 84% à 93,54% de répondants disent préférer l’anglais pour bloguer en fonction de leurs intérêts culturels, la proportion la plus faible étant les francophones de souche et la plus forte étant les anglophones d’adoption. Il en résulte donc que l’usage du français pour se renseigner, sur les blogues, sur des questions culturelles, est marginal.Les francophones et anglophones de souche ne bloguent que rarement dans une autre langue que le français et l’anglais (de 6,5% à 20%), mais les diverses sous-populations d’allophones, le font de façon plus soutenue (soit de 25,80% à 33,33%), quoique moins importante que pour leur langue d’usage déclarée.

4. Analyse des usages linguistiques sur les blogues (réseaux sociaux)

La langue est le marqueur symbolique de l’identité culturelle, la marque la plus visible de cette identité. Il est normal que les usages linguistiques sur les blogues aient retenu notre attention en tant que phénomène culturel de première importance. Avec des répondants d’origines variées, nous nous attendons à trouver des usages linguistiques contrastés sur les blogues consultés.

4.1 Le choix de la langue dans les blogues (réseaux sociaux) et les courriels en général 

Les sujets ont été interrogés sur la langue ou les langues qu’ils utilisaient sur les blogues. Les anglophones des deux sous-populations de mêmes que les allophones purs ont exactement le même comportement (de 77% à 80% en faveur des blogues anglophones) alors que les francophones des deux sous-populations ont un comportement similaire (de 63% à 68% en faveur des blogues anglophones). Les garçons, dans les diverses sous-populations, semblent encore plus en faveur que les filles des blogues anglophones, mais il faudrait des chiffres plus importants pour le vérifier vraiment.

Dans les courriels cependant, les tendances linguistiques sont différentes et suivent davantage le positionnement linguistique des jeunes. Les francophones de souche sont 40% (50% si on ne compte que les filles) à utiliser de préférence le français sur l’Internet pour les courriels. Les allophones de souche ne sont que 64% à utiliser surtout l’anglais pour leurs courriels (soit moins que ce qu’ils faisaient pour les blogues). Il n’y a aucune tendance dominante pour les francophones d’adoption. Ceux dont les choix sont les plus déterminés en faveur de l’anglais sont, d’évidence, les anglophones de souche et les anglophones d’adoption, dont environ 78% utilisent surtout cette langue dans leurs courriels. Encore ici, les choix des garçons sont plus affirmés que ceux des filles en faveur de l’anglais. Il faut rappeler que, selon Saint-Laurent (2008), le français n’est pour les allophones et les anglophones qu’un outil de communication et que, aux dires de Lamarre (2001), les jeunes anglophones et allophones montréalais sont deux fois plus bilingues que leurs homologues francophones.

4.2 Le positionnement linguistique des sujets lors de leur utilisation des blogues (réseaux sociaux)

4.2.1 Le «blogging» en français5

Les répondants préférant utiliser le français sur les blogues ont diverses raisons pour le faire, la première étant que c’est leur langue maternelle ou d’usage. Ici, le sexe ne joue aucun rôle, mais le positionnement ethnique oui , malgré quelques ambiguïtés, puisque le blogging en anglais est le plus répandu. Ainsi, même si les francophones de souche vont surtout bloguer en anglais, ils sont 45% à être «fortement» et «totalement d’accord» pour dire aimer bloguer en français car c’est leur langue. Il est normal que les anglophones de souche, pour leur part disent à 84,78% être «totalement» ou «fortement en désaccord» avec le fait de bloguer en français, de même que 52,77% des allophones de souche, et 74,19% des anglophones d’adoption. Quant aux francophones d’adoption, ils sont à 62,96% «totalement» et «fortement d’accord» avec le fait de bloguer en français, soit encore plus fortement que les francophones de souche.

Interrogés sur la question de savoir s’ils bloguent en français en raison du fait que c’est la langue de leur famille, les répondants offrent un positionnement semblable au précédent, aligné sur l’origine ethnique. Ainsi, 30% des filles francophones de souche sont «fortement» et «totalement d’accord» avec l’énoncé, soit le fait de bloguer en français pour des raisons précises (voir la note 5 de bas de page) alors que 76,08 des anglophones de souche sont «fortement» et «totalement en désaccord», accompagnés dans cette position par 52,77% des allophones de souche. Les francophones d’adoption sont également divisés, 40,74 % étant «totalement» et «fortement en accord» et un chiffre égal, «totalement» et «fortement en désaccord». De façon attendue, 80,64% des anglophones d’adoption sont «totalement»  et «fortement en désaccord» avec l’énoncé.

Les élèves ont aussi eu à se prononcer sur le fait qu’ils bloguaient ou non en français en raison de la langue de leurs amis. Les clivages ethniques se retrouvent également ici. Ainsi, de 67,39% à 74,19% anglophones de souche et d’adoption sont en désaccord («fortement» et «totalement») pour dire qu’ils vont sur des blogues en français parce que le français est la langue de leurs amis. Par contre, de 35% à 69,25% des francophones de souche et d’adoption sont «fortement» et « totalement en accord»  pour dire qu’ils vont sur des blogues en français parce que le français est la langue de leurs amis. Les allophones de souche, sans attachement spécifique au français ou à l’anglais, ont des jugements très diversifiés sur la question, sans tendance centrale.

On entend couramment dire que l’information est moins facilement accessible sur les blogues français que sur leurs homologues anglais. Il semble bien que ce jugement un peu rapide ne soit confirmé que partiellement par nos résultats. Les francophones purs sont divisés sur la question, sans tendance centrale ; les francophones d’adoption le sont, mais moins. Les allophones de souche le sont également. Les seuls qui rejettent assez fermement l’énoncé sont les anglophones de souche et d’adoption, dont 71% sont «fortement» et «totalement en désaccord» pour dire qu’il est plus facile de trouver des informations en français sur les blogues. Il faut évidemment confronter ces réponses à celles de la fréquentation des blogues par langues : quand on blogue surtout en anglais, il est évident qu’on ne peut juger de la facilité à trouver des informations en français.

4.2.2 Le «blogging» en anglais

Normalement, les réponses à cette question devraient être le portrait exactement inverse des réponses à la question précédente sur le fait de bloguer en français. Mais, dans les faits, la réalité n’est pas si simple, à cause du rayonnement international de l’anglais.

Il y a une belle unanimité des répondants, quel que soit le positionnement ethnique déclaré, pour dire qu’ils aiment bloguer en anglais parce que c’est une langue plus répandue. Les répondants se situent majoritairement dans les cases  «fortement»   et «totalement d’accord» avec l’énoncé avec des pourcentages allant de 66,66% à 96,77%, les allophones toutes catégories ayant un accord plus ferme que les «de souche». Même les francophones de souche et d’adoption alignent leurs comportements sur les autres. À un énoncé complémentaire leur demandant de dire s’ils bloguent en anglais pour rejoindre plus de gens, les positionnements se font toutefois plus hésitants vers les extrêmes du spectre des choix de réponses possibles.
Il y a également une concordance quasi absolue dans les positionnements, lorsqu’on demande aux répondants de dire s’ils bloguent en anglais parce qu’il y a plus d’information dans cette langue. Les répondants se situent majoritairement dans les cases «fortement»  et «totalement d’accord» de l’énoncé avec des pourcentages allant de 69,56% à 83,87% , les anglophones d’adoption étant les plus fermes.

4.2.3 Le «blogging» dans les deux langues

Certaines zones d’ombre persistant sur la question des choix linguistiques pour certaines sous-populations, on a demandé aux répondants s’ils bloguaient dans les deux langues parce qu’ils les connaissaient. Symptomatiquement, seuls les anglophones de souche ne suivent pas la tendance dominante des autres sous-population, qui, de 51,61 à 88,55% se disent d’accord («fortement» et « totalement») avec le fait de bloguer en français et en anglais à la fois parce qu’ils connaissent les deux langues. Les allophones de souche semblent les plus tentés d’adopter fortement cette tendance, ce qui est normal, étant donné leur refus de s’identifier soit aux francophones, soit aux anglophones.

Bloguent-ils dans les deux langues parce que l’information est également pertinente dans les deux ? De façon attendue, les anglophones de souche ne suivent pas la tendance dominante des autres sous-populations, qui, de 54% à 51,85% s’affirment d’accord («fortement» et «totalement») avec l’énoncé disant que l’information est pertinente dans les deux langues.

Il faudrait rapprocher les positionnements linguistiques évoqués ici in abstractopar les répondants de leur réponse à une question précise concernant leurs choix linguistiques effectifs sur une plateforme de type Facebook. Un faible taux de répondants choisit toujours les interfaces francophones, dont 10% de francophones de souche et 22.22% d’allophones de souche. Il existe ici un clivage, dans la préférence des interfaces en anglais, entre, d’une part, les anglophones (de souche et d’adoption) et les allophones de souche et, d’autre part, les deux autres sous-populations. En fait, ces trois sous-populations préfèrent nettement les interfaces en anglais (taux respectifs de 91.30%, 83,87% et 72,22%), alors que les deux autres sous-populations, soit les francophones (de souche et d’adoption) avouent que la langue du «blogging» leur est égale, avec des taux respectifs de 64% et 55,55%.

Nous sommes allées vérifier, sur les blogues eux-mêmes, si le sujet du choix de la langue interpellait les blogueurs. C’est le cas dans quelques blogues, dont celui de Frihost (2009), qui offre une vigoureuse discussion entre des blogueurs de tendances diverses sur la langue à choisir en lançant son blogue : certains, affirmant le fait qu’ils maîtrisent bien les deux langues et qu’ils ne sont pas les seuls dans leur cas, disent qu’il ne faut utiliser qu’une seule langue, soit le français. D’autres affirment qu’un blogue en anglais sera plus populaire. Les pragmatiques conseillent de ne pas tenir un blogue bilingue, car il prendrait trop de temps à gérer, à moins de vouloir créer un beau blogue qui serve de référence. Dans le «techno-blogue à Steph» (2008), l’animateur fait part de ses doutes à ses correspondants : il voit les avantages de créer un blogue en anglais quant à l’auditoire, mais croit que la qualité linguistique et référentielle des échanges sera moins grande, puisqu’il ne maîtrise pas autant l’anglais que le français.

4.3 La langue, un simple instrument, lors du «blogging»

Il est possible de penser que plus les répondants sont bilingues, plus ils ont tendance, dans le feu de l’action (du «blogging»), à oublier dans quelle langue ils bloguent pour reprendre ce que disent Piette et al. (2006) de l’ «usage poreux» des langues. Ils peuvent, face à cet état de fait, évoquer différentes raisons. Relativement à l’explication suivante : «Mes correspondants passent d’une langue à l’autre», les allophones de souche et les francophones d’adoption ont une très forte proportion de correspondants passant d’une langue à l’autre, car 80,55% des premiers et 74,07% des seconds se disent d’accord («fortement» et «totalement») avec l’énoncé. Les francophones de souche et les anglophones d’adoption, avec des taux d’accord, respectivement, de 60% et de 58,06% , sont quasi à égalité et les anglophones de souche ferment les rangs (taux de 34,78%), leurs correspondants étant moins versés en français que les autres sous-populations.

4.4 La conscientisation linguistique face à la francophonie

On a demandé aux jeunes répondants si, lorsqu’ils communiquaient en anglais sur Facebook, ils avaient l’impression de se regrouper autour de francophones. La question est intéressante eu égard au fait que les francophones de souche ou d’adoption, de même que les allophones, ont des répondants maîtrisant les deux langues, comme nous l’expliquions plus haut. Ces sous-populations affirment même que bloguer dans l’une ou l’autre langue leur est égal. Par contre, il est évident que la question déroute certaines sous-populations. Ainsi, la moitié des filles francophones n’a pas répondu. Les anglophones de souche sont les plus affirmatifs pour dire, à 69,56%, que lorsqu’ils communiquent en anglais sur Facebook, ils ne se regroupent pas autour de francophones, suivis des anglophones d’adoption, à 64,51% . Quant aux allophones de souche et aux francophones d’adoption, ils ont «plus ou moins» l’impression (à 41,66% pour les premiers et 51,85% pour les seconds) qu’ils se regroupent autour de francophones. Donc, les seuls qui n’ont pas de doute en cette matière sont bien les deux sous-populations d’anglophones.

Les jeunes répondants sont-ils conscientisés, au plan linguistique ? Une série de questions de notre enquête leur demandait de se positionner quant à la francophonie et au fait francophone. Les réponses laissent entendre que les 14-17 ans sont encore trop jeunes pour que leur conscience linguistique soit éveillée. Ainsi, il y a une prédominance de réponses «fortement» et «totalement en désaccord» avec l’énoncé voulant qu’ils aillentsur les blogs français pour affirmer l’existence d’une communauté francophone. Les plus fortement en désaccord sont, bizarrement les francophones de souche (68%), suivi des anglophones d’adoption (58,06%), des anglophones de souche (54,34%), des allophones de souche (44,44%) et enfin des francophones d’adoption (33,33%). Ces réponses laissent entendre qu’ils sont à un âge où ils ont peu de conscience de la question de la vitalité d’une langue. Il y a chez eux prédominance de l’aspect fonctionnaliste et pragmatique d’une langue.

Nous sommes allées chercher les sentiments que les jeunes éprouvaient face à la francophonie. Nous leur avons d’abord demandé s’ils ressentaient de la fierté face à cela. Les faits saillants sont différents selon qu’on est francophone de souche ou de tout autre population. En effet, 56% des francophones de souche sont «fortement» et «totalement d’accord» avec l’énoncé. Pour les autres sous-populations, le plus saillant est le choix des réponses de type «plus ou moins d’accord» ou «quelque peu en accord»): les pourcentages vont de 51,85% pour les francophones d’adoption à 48,38% pour les anglophones d’adoption et à 41,30% pour les anglophones de souche. Les allophones de souche sont très polarisés, un nombre presque égal de répondants se situant aux deux extrémités du spectre des réponses. L’interprétation est difficile: sauf pour les francophones de souche, les autres populations se sentant peu concernées par l’énoncé.

Conclusion

Labrie (2004) reconnaît, à l’égal de plusieurs chercheurs, que nous disposons tous d’identités multiples qui font que nous pouvons nous affilier à plusieurs communautés linguistiques et culturelles. D’autres recherches pan-canadiennes se sont entre autres penchées sur le caractère désirable ou non de l’identification ethnique au groupe majoritaire ou minoritaire. Hamers et Blanc (1983) soulignent pour leur part que lorsque des individus appartiennent à un groupe minoritaire, leurs usages langagiers peuvent être influencés par leur milieu social qui reflète, notamment, le prestige et la vitalité de la communauté linguistique majoritaire. Leur réseau social de communication peut être dominé par la langue seconde. Ces individus peuvent donc vivre des difficultés d’appartenance et d’identité. Ils peuvent même dévaloriser et rejeter leur propre langue.

Dans l’étude que nous avons décrite, les jeunes sont sûrement attirés par la vitalité du français comme langue d’État et langue d’enseignement, mais ils sont également fascinés par l’aura de l’anglais, ces deux attirances les rendant encore plus hésitants quant à leur positionnement et à leurs langues d’usage sur le Web en général et les blogues en particulier. Les francophones purs offrent certes une tendance plus prononcée que les autres sous-populations à adopter le français et les allophones des trois sous-populations sont certes plus ouverts au français que les anglophones dits de souche, mais, entre 14 et 17 ans, la conscience linguistique ne va pas de pair avec la compétence linguistique. Il faut qu’une société (et l’école, particulièrement) joue sur les cordes identitaires et la valeur symbolique pour que la langue officielle dite «langue d’usage public» devienne, dans les faits, plus présente lors des pratiques sur le web, et, en particulier, lors du «blogging».

Références bibliographiques

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FRIHOST, Blog Bilingue: Anglais/Français: donnez moi des conseils!, 2009. En ligne:
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J.F. HAMERS, M. BLANC, Bilinguality and bilingualism, Bruxelles, Pierre Mardaga, 1983.
N. LABRIE, «Fragmentation identitaire et médiation: les glissements discursifs dans l’appropriation du pouvoir», in R. Delmotte-Legrand (sous la dir. de), Les médiations langagières. Des discours aux acteurs sociaux, vol II, Rouen, Publications de l’Université de Rouen et Dyalang/CNRS, 2004, p. 49-67.
P. LAMARRE, «Le multilinguisme des jeunes allophones québécois: ressource sociétale et défi éducatif», Correspondances, 6 (3), 2001. En ligne: http://www.ccdmd.qc.ca/correspo/Corr6-3/Multi.html (consulté le 28 janvier 2010).
A. ORBAN, «Les jeunes et la blog’attitude», Médialog no. 56, décembre 2005, p. 36-39
J. PIETTE, C.-M. PONS, L. GIROUX, Les jeunes et Internet : appropriation des nouvelles technologies. Rapport final de l’enquête menée au Québec, Québec, Ministère de la culture et des communications (MCC), 2006.
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(Le) techno-blogue à Steph, Bloguer pour mieux parler anglais, 2008. En ligne:
http://www.stephguerin.com/archives/bloguer_pour_mieux_parler_anglais/ (consulté le 28 janvier 2010).


Notes

↑ 1 Dès le début du questionnaire, nous avons donné aux répondants la précision suivante : « Dans les questions qui suivent le mot « BLOGUE » est utilisé pour désigner un réseau social ou d’information accessible par Internet, du type Facebook, Twitter, Myspace, Skyrock, etc. ». On reconnaît généralement que les réseaux sociaux regroupent des communautés autour d’ usages précis et qu’ils contiennent, pour ce faire, des espaces de blogging, pour le partage d’opinions ou de produits culturels tels que photos et musique.

↑ 2 Au Québec, on appelle «allophone» une personne dont la langue maternelle est différente du français ou de l’anglais, soit les deux langues officielles du Canada. Plus largement, l’allophone est celui issu des communautés culturelles et linguistiques autres que francophone ou anglophone.

↑ 3 Le concept «francotrope» a été créé par le démographe québécois Charles Castonguay en 1994 pour désigner les allophones «d’influence latine» ou dont le pays a connu un contact prolongé avec la France.

↑ 4 Cette loi linguistique, promulguée en 1977 par le gouvernement du Parti Québécois (autonomiste) alors au pouvoir, oblige, entre autres, les allophones à envoyer leurs enfants l’école francophone pour le primaire et le secondaire, à moins que la famille ne soit de langue maternelle anglaise ou n’ait des droits acquis par l’ancienneté à l’instruction en anglais. Les Italiens, qui constituent une population d’immigration ancienne au Québec (soit d’avant 1950) ayant assez tôt envoyé ses enfants à l’école anglaise, sont nombreux, encore aujourd’hui à avoir conservé ce droit à l’école anglaise.

↑ 5 Voici, in extenso, l’énoncé du questionnaire touchant le sujet.

À propos du fait d’aller sur des blogues en français, veuillez indiquer votre degré d’accord ou de désaccord pour chacune des affirmations allant de 1.1 à 1.7 en inscrivant le chiffre correspondant à votre choix:

(1) Totalement en désaccord (2) Fortement en désaccord (3) Quelque peu en désaccord (4) Je ne sais pas(5) Quelque peu en accord (6) Fortement en accord (7) Totalement en accord

J’aime bloguer en français parce que…

1.1 c’est ma langue

1.2 c’est la langue de ma famille

1.3 c’est la langue de mes amis

1.4 c’est plus facile de trouver de l’information

1.5 je comprends mieux l’information que j’y trouve

1.6 j’y trouve plus d’informations intéressantes

1.7 les informations correspondent plus à mes activités montréalaises

Pour citer cet article :

Nathalie LACELLE et Monique LEBRUN, Enquête auprès de jeunes Montréalais sur leurs pratiques sociales et linguistiques dans les blogues de type réseaux sociaux, Francophonie et médias, Publifarum, n. 15, pubblicato il 13/04/2011, consultato il 27/04/2024, url: http://www.farum.it/publifarum/ezine_articles.php?id=178

 

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Open Access Journal - ISSN électronique 1824-7482

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