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La fonction des histoires secondaires dans « La Princesse de Clèves »

Giorgetto GIORGI


Résumé

« La Princesse de Clèves » contient quatre histoires secondaires (ou, si l'on préfère, quatre épisodes), et dès la parution du roman la critique s'est demandé si ces histoires secondaires sont nécessaires au développement de l'histoire principale, ou si au contraire elles interrompent inutilement le cours de la narration. L'article soulève nouvellement le problème et met en lumière toute une série de raisons, d'ordre structurel et thématique, qui permettent d'affirmer que le chef-d'oeuvre de Madame de Lafayette est un récit extrêmement compact, dans la mesure où les épisodes qu'il contient sont toujours, d'une façon ou d'une autre, étroitement rattachés à l'histoire centrale.

Abstract

The Princesse de Clèves contains four secondary plots (or rather four episodes); since its publication, the question arose as to whether they were really necessary to the development of the main storyline, or whether they interrupted the narrative flow. This article returns on the issue, and foregrounds reasons, both structural and thematic, to consider Madame de Lafayette’s masterpiece as an extremely compact tale, by demonstrating how the secondary episodes are deeply connected to the main plot.

Dès la parution de La Princesse de Clèves la critique s’est interrogée sur la présence dans ce récit d’histoires secondaires (également appelées épisodes, ou bien encore digressions), en se demandant si les histoires secondaires en question sont nécessaires au développement de l’histoire principale, ou si elles sont au contraire autonomes, gratuites, et interrompent donc inutilement le cours de la narration.1 Certes, on a tendance aujourd’hui à mettre en lumière que les rapports entre l’histoire principale et les histoires secondaires sont, dans le chef-d’œuvre de Madame de Lafayette, indéniablement fort nombreux,2 mais une telle interprétation mérite, à notre avis, d’être reprise, développée et approfondie.

On connaît le sujet de La Princesse de Clèves, qui a été excellemment résumé par Fontenelle dans sa «Lettre sur La Princesse de Clèves» de 1678: «Une femme [Madame de Clèves] qui a pour son mari [Monsieur de Clèves] toute l’estime que peut mériter un très honnête homme, mais qui n’a que de l’estime, et qui se sent entraînée d’un autre côté par un penchant [pour le duc de Nemours] qu’elle s’attache sans cesse à combattre et à surmonter en prenant les plus étranges résolutions que la plus austère vertu puisse inspirer […]».3 Cette histoire principale est cependant interrompue par les quatre épisodes suivants: L’histoire de Madame de Valentinois, c’est-à-dire de Diane de Poitiers, maîtresse du roi Henri II, que Madame de Chartres, mère de la protagoniste, raconte à cette dernière; l’histoire de Sancerre, Estouteville et Madame de Tournon, que Monsieur de Clèves raconte à son épouse; l’histoire d’Anne de Boulen, mère d’Élisabeth Ire d’Angleterre, que la reine dauphine, c’est-à-dire Marie-Stuart, épouse du dauphin François, raconte à la protagoniste; l’histoire des amours du vidame de Chartres, que ce dernier raconte à son ami le duc de Nemours.

Chacun de ces épisodes est en rapport étroit avec le récit de la passion amoureuse, parfaitement partagée, que la princesse éprouve, tout en voulant coûte que coûte s’en défendre, pour le duc de Nemours, qu’elle a connu peu de temps après son mariage avec le prince de Clèves, c’est-à-dire avec l’intrigue centrale du roman. L’histoire de la maîtresse d’Henri II, Diane de Poitiers, qui exerce un pouvoir quasiment absolu sur l’esprit du roi, bien qu’elle soit nettement plus âgée que lui, et que Madame de Chartres raconte à sa fille la princesse, permet en effet à celle-ci de prendre conscience des redoutables conséquences que peut avoir la passion amoureuse, surtout dans un milieu comme celui de la cour où « […] l’amour [est] toujours mêlé aux affaires et les affaires à l’amour»;4 l’histoire de la tromperie mise en œuvre par Madame de Tournon à l’égard de son amant Sancerre, que le prince de Clèves raconte à la princesse, en la déplorant vivement, permet à cette dernière de comprendre à quel point son époux apprécie la sincérité, ce qui la poussera par la suite à lui confesser l’amour qu’elle éprouve pour un autre homme; l’histoire d’Anne de Boulen que la reine dauphine raconte à la princesse, permet à celle-ci d’être renseignée sur la cour d’Angleterre, qui pourrait devenir le cadre de l’existence du duc de Nemours, si celui-ci épousait, comme les prévisions l’indiquent, la fille d’Anne de Boulen, Élisabeth Ire , qui vient de monter sur le trône lorsque débute l’histoire principale (1558); l’histoire des multiples liaisons sentimentales du vidame de Chartres, que le vidame lui-même raconte au duc de Nemours, va permettre à ce dernier et à la princesse de se voir et de se parler avec l’excuse de tirer d’embarras l’imprudent vidame, qui est un ami intime du duc et un proche parent de la princesse.

Toutes ces histoires secondaires, ainsi que l’histoire principale, sont en outre des histoires d’amour, ce qui accentue ultérieurement les affinités entre le récit central et les épisodes. Certes, comme l’a opportunément souligné J. Mesnard,5 dans l’histoire de Diane de Poitiers, dans celle d’Anne de Boulen et, en partie, dans celle du vidame de Chartres, l’amour est étroitement associé à l’ambition et à l’intérêt, et dans l’histoire de Madame de Tournon il est terni par l’infidélité et le mensonge, tandis que l’amour de la princesse pour le duc de Nemours, et du duc de Nemours pour la princesse, échappe à la corruption ambiante, dans la mesure où il est pleinement sincère et désintéressé. Le récit central et les épisodes déclinent en somme les possibles, les harmoniques, de l’amour, ce qui ne nuit nullement à la cohésion de l’ensemble, mais confère au contraire au roman une profonde unité dans la diversité.6

Cette cohésion entre l’histoire principale et les épisodes est également garantie par des raisons d’ordre structurel: tout d’abord ces épisodes sont assez courts (même si, comme nous le verrons, ils sont de longueur variable) et surtout ils n’ont pas de titre, contrairement à ce qui a lieu dans le roman héroïco-galant de l’âge baroque (de L’Astrée d’Honoré d’Urfé [1607] à Faramond ou l’histoire de France [1661] de Gautier de Costes de La Calprenède) où les épisodes, généralement d’une grande longueur, sont toujours pourvus d’un titre, ce qui accentue sensiblement leur autonomie par rapport à l’histoire centrale; en deuxième lieu, le roman de Madame de Lafayette est divisé en quatre parties, et deux épisodes sur quatre sont à cheval sur deux parties: l’histoire de Sancerre, Estouteville et Madame de Tournon est en effet située à la fin de la première partie et au début de la deuxième, et l’histoire des amours du vidame de Chartres à la fin de la deuxième et au début de la troisième. Ces débordements d’une partie sur une autre ont, nous semble-t-il, la fonction de souder l’histoire centrale aux deux épisodes en question.

Mais pour quelle raison les épisodes sont-ils, comme nous venons de le dire, de longueur variable? Pour répondre à une semblable question il faut observer que toutes les histoires secondaires de La Princesse de Clèves sont des analepses, des retours en arrière par rapport à l’histoire centrale, et que cette dernière décrit des événements qui se déroulent dans l’espace d’une année, puisque c’est durant le mois de novembre de l’année 1558 que la protagoniste est présentée par sa mère à la cour,7 et que c’est en octobre ou en novembre de l’année 1559, c’est-à-dire peu de mois après la mort de son mari, qu’elle renonce définitivement au duc de Nemours et opte pour la retraite.8 Or, les épisodes du roman sont d’une remarquable brièveté lorsqu’ils remontent loin dans le passé par rapport à l’année durant laquelle se déroule l’histoire centrale: c’est le cas de l’histoire de Diane de Poitiers, qui débute avec l’évocation d’une aïeule de Diane, qui était fille naturelle de Louis XI;9 et il en va de même pour l’histoire d’Anne de Boulen, qui commence en mentionnant la mère d’Anne, qui avait été la maîtresse d’Henri VIII d’Angleterre.10 Par contre les épisodes occupent un segment plutôt long du récit lorsqu’ils remontent à un passé assez récent, toujours évidemment par rapport à l’année durant laquelle se déroule l’histoire centrale: c’est le cas de l’histoire de Sancerre, Estouteville et Madame de Tournon, qui commence environ deux ans avant le début de l’histoire principale;11 et il en va de même pour l’histoire des amours du vidame de Chartres, qui débute elle aussi à peu près deux ans avant le commencement de l’histoire centrale.12 Madame de Lafayette a donc eu la préoccupation constante, en élaborant les épisodes de La Princesse de Clèves, de s’éloigner le moins possible (du point de vue temporel) des événements narrés dans le récit principal, ce qui manifeste l’intention explicite d’observer dans l’ouvrage l’unité de temps, du moins telle qu’elle était conçue à l’époque pour le roman.13

Ce dernier aspect de La Princesse de Clèves fait nettement ressortir une des différences essentielles entre cette œuvre narrative et les romans héroïco-galants de la période baroque. Même si ces romans contiennent toujours une histoire principale (qui narre des événements qui ne dépassent généralement pas la durée d’un an), ils renferment des épisodes si nombreux et d’une telle longueur, et qui remontent souvent si loin dans le passé par rapport à la période où se déroule l’intrigue centrale, que le lecteur finit parfois par perdre de vue l’époque où celle-ci est située et les événements qui y sont narrés. Dans La Princesse de Clèves, au contraire, malgré la présence de quatre épisodes, l’unité (pour les raisons que nous avons indiquées) triomphe pleinement de la multiplicité.

En outre, les rapports entre l’histoire principale et les quatre épisodes sont ultérieurement renforcés par le fait que les épisodes en question ont toujours pour narrataire la protagoniste du roman. Comme nous l’avons déjà remarqué, l’histoire de Diane de Poitiers est en effet racontée par Madame de Chartres à sa fille la princesse ; celle de Sancerre, Estouteville et Madame de Tournon est narrée par le prince de Clèves encore à la princesse ; celle d’Anne de Boulen est relatée par Marie Stuart, la reine dauphine, toujours à la princesse. L’histoire des amours du vidame de Chartres semble toutefois faire exception, étant donné qu’elle est racontée au duc de Nemours. En réalité, le duc rapportera, dans ses grandes lignes, cette histoire à la princesse,14 dans l’intention de se disculper, aux yeux de la protagoniste, d’avoir des relations sentimentales (puisque les liaisons du vidame sont, dans le milieu de la cour, erronément attribuées au duc) et de tirer d’embarras, comme nous l’avons déjà observé plus haut, l’imprudent vidame, qui est l’ami du duc et le parent de la princesse. Cette dernière est donc également la narrataire du quatrième épisode, même si elle est narrataire pour ainsi dire au second degré.

Mais le fait que la protagoniste soit narrataire des quatre épisodes du roman n’a pas uniquement la fonction de renforcer les liens entre les histoires secondaires et l’intrigue centrale, il permet aussi de faire nettement ressortir que La Princesse de Clèves est un roman d’apprentissage. Présentée par sa mère, à l’âge de seize ans,15 à la cour, l’héroïne ignore tout d’un tel milieu où « […] l’amour [est] toujours mêlé aux affaires et les affaires à l’amour»,16 et où « […] ce qui paraît n’est presque jamais la vérité»,17 de même qu’elle ignore tout du sentiment de l’amour, puisqu’elle ne l’a jamais vraiment éprouvé avant de connaître le duc de Nemours. Les histoires secondaires (au cours desquelles elle a constamment le rôle d’auditrice, c’est-à-dire d’une personne qui a tout à apprendre) ont justement la fonction de l’instruire sur ces sujets, en d’autres termes de réaliser pleinement son éducation mondaine et sentimentale, qui avait été entreprise avec détermination par sa mère, comme on peut le lire au début du récit :

[…] elle [Madame de Chartres] faisait souvent à sa fille des peintures de l’amour; elle lui montrait ce qu’il a d’agréable pour la persuader plus aisément sur ce qu’elle lui en apprenait de dangereux; elle lui contait le peu de sincérité des hommes, leurs tromperies et leur infidélité, les malheurs domestiques où plongent les engagements; et elle lui faisait voir, d’un autre côté, quelle tranquillité suivait la vie d’une honnête femme, et combien la vertu donnait d’éclat et d’élévation a une personne qui avait de la beauté et de la naissance.18

Quelques remarques, à notre avis d’un certain intérêt, peuvent également être faites à propos des narrateurs des histoires secondaires, étant donné que Madame de Lafayette les a élaborées en réalisant un parfait équilibre et une parfaite alternance entre les sexes: le premier épisode est en effet narré par une femme (Madame de Chartres), le second par un homme (le prince de Clèves), le troisième de nouveau par une femme (la reine dauphine) et le quatrième de nouveau par un homme (le vidame de Chartres, mais aussi le duc de Nemours, vu que ce dernier résumera à la princesse, comme nous l’avons souligné, l’histoire racontée par le vidame). Cet équilibre et cette alternance (qui dénoncent un souci de variété dans la construction de l’ouvrage)19 ne mettent pas seulement en lumière que l’héroïne doit son apprentissage dans une égale mesure à des personnes des deux sexes, ils soulignent surtout que l’apprentissage en question est d’autant plus complet qu’il se réalise en tirant partie d’expériences profondément différentes: celle d’une mère, celle d’un mari, celle d’une future reine, celle d’un soupirant. Dans ce cas encore, la multiplicité est au service de l’unité.

Malgré la présence de quatre épisodes, La Princesse de Clèves est donc une œuvre extrêmement compacte, où tout roule autour du même thème, une œuvre qui illustre parfaitement les traits distinctifs de l’art classique tels que les a mis admirablement en lumière Jean Rousset en les opposant aux traits distinctifs de l’art baroque:

[…] l’œuvre classique – observe en effet Jean Rousset – exclut certains caractères essentiels au baroque […]; au lieu de se présenter comme l’unité mouvante d’un ensemble multiforme, l’œuvre classique réalise son unité en immobilisant toutes ses parties en fonction d’un centre fixe; au lieu d’être animée par un mouvement qui se propage au delà d’elle-même, elle se contient à l’intérieur de ses propres limites; au lieu de faire éclater ou vaciller ses structures, elle les stabilise et les renforce […].20

Bibliographie

1. Œuvres de Madame de LAFAYETTE


La Princesse de Clèves, présentation et notes par Ph. SELLIER, Paris, Le livre de poche classique, 1999.
Œuvres complètes, édition établie, présentée et annotée par C. ESMEIN-SARRAZIN, Paris, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 2014.

2. Études critiques

J.-A. DE CHARNES, Conversation sur la critique de «La Princesse de Clèves», Paris, C. Barbin, 1679, in Madame de LAFAYETTE, Œuvres complètes, éd. cit., p. 611-706.
B. LE BOVIER de FONTENELLE, «Lettre sur La Princesse de Clèves», Le Mercure Galant, mai, 1678, p. 54-59, in Madame de LAFAYETTE, Œuvres complètes, éd. cit., p. 513-516.
R. FRANCILLON, L’Œuvre romanesque de Madame de Lafayette, Paris, Corti, 1973.
G. GIORGI, «Forme narrative longue, forme narrative brève: le cas de Madame de Lafayette», Littératures classiques, n° 49, automne 2003, p. 371-383.
J. MESNARD, «Morale et métaphysique dans La Princesse de Clèves », ID., La culture du XVIIe siècle. Enquêtes et synthèses, Paris, Presses Universitaires de France, 1992, p. 546-555.
Poétiques du roman. Scudéry, Huet, Du Plaisir et autres textes théoriques et critiques du XVIIe siècle sur le genre romanesque, édition établie et commentée par C. ESMEIN, Paris, Champion, 2004.
J. ROUSSET, La littérature de l’âge baroque en France. Circé et le paon, Paris, Corti, 1954.
J. ROUSSET, «La Princesse de Clèves», in ID., Forme et signification. Essais sur les structures littéraires de Corneille à Claudel, Paris, Corti, 1964, p. 17-44.
J.-B. du TROUSSET de VALINCOUR, Lettres à Madame la Marquise *** sur le sujet de «La Princesse de Clèves», Paris, S. Mabre-Cramoisy, 1678, in Madame de LAFAYETTE, Œuvres complètes, éd. cit., p. 532-610.


Notes

↑ 1 Durant le Grand Siècle les histoires secondaires de La Princesse de Clèves ont été critiquées par B. Le Bovier de FONTENELLE, dans sa «Lettre sur La Princesse de Clèves» (publiée dans le Mercure Galant de mai 1678, p. 54-59), ainsi que par J.-B. du Trousset de VALINCOUR, dans ses Lettres à Madame la Marquise *** sur le sujet de «La Princesse de Clèves» (Paris, S. Mabre-Cramoisy, 1678), et au contraire vivement appréciées par J.-A de CHARNES, dans ses Conversations sur la critique de «La Princesse de Clèves» (Paris, C. Barbin, 1679). Ces différents textes sont reproduits dans l’édition suivante des Œuvres complètes de Madame de LAFAYETTE procurée par C. ESMEIN-SARRAZIN, Paris, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 2014.

↑ 2 Voir, en particulier, les études suivantes: J. ROUSSET, «La Princesse de Clèves» , in ID., Forme et signification. Essais sur les structures littéraires de Corneille à Claudel, Paris, Corti, 1964, p. 17-44; R. FRANCILLON, L’Œuvre romanesque de Madame de Lafayette, Paris, Corti, 1973, p. 98-116; Ph. SELLIER, «Introduction» à La Princesse de Clèves, Paris, Le livre de poche classique, 1999, p. 22-24;G. GIORGI, «Forme narrative longue, forme narrative brève: le cas de Madame de Lafayette», Littératures classiques, n. 49, automne 2003, p. 371-383; C. ESMEIN-SARRAZIN, «Notice» à La Princesse de Clèves, in Madame de LAFAYETTE, Œuvres complètes, éd. cit., p. 1307-1311.

↑ 3 La lettre de Fontenelle occupe les p. 513-516 des Œuvres complètes(éd. cit.,) de Madame de LAFAYETTE, et le passage cité se trouve à la p. 514.

↑ 4 Madame de LAFAYETTE, La Princesse de Clèves, éd. cit., p. 59. Le mélange de l’ambition avec la galanterie, dans un milieu comme celui de la cour, est un des thèmes récurrents de l’Histoire amoureuse des Gaules de Bussy-Rabutin, que Madame de Lafayette à n’en pas douter connaissait. On peut lire en effet dans ce texte, qui fit scandale au XVIIe siècle: «[…] il faut des grâces particulières de Dieu pour faire son salut dans les embarras des cours; l’ambition, l’envie, la médisance, l’amour et mille autres passions y portent ordinairement les gens les mieux nés à des crimes dont ils sont incapables dans des retraites […]» (Histoire amoureuse des Gaules, chronologie et préface par A. ADAM, Paris, Garnier-Flammarion, 1967, p. 142).

↑ 5 J. MESNARD, «Morale et métaphysique dans La Princesse de Clèves», in ID., La culture du XVIIe siècle. Enquêtes et synthèses, Paris, Presses Universitaires de France, 1992, p. 546-555.

↑ 6 Cette impression d’unité dans la diversité que donne le texte est également due au fait que les épisodes, tout en étant invariablement des histoires d’amour, ont des statuts narratifs différents. En effet les digressions qui concernent respectivement Diane de Poitiers, et Sancerre, Estouteville et Madame de Tournon, sont surtout des histoires sentimentales, celle qui a pour objet Anne de Boulen est une histoire tragique, celle qui contient le récit des amours du vidame (fait par le vidame lui-même) est une sorte d’autobiographie.

↑ 7 Madame de LAFAYETTE, La Princesse de Clèves, éd. cit., p. 53.

↑ 8 Op. cit., p. 218.

↑ 9 Op. cit., p. 75.

↑ 10 Op. cit., p. 118.

↑ 11 Op. cit., p. 94.

↑ 12 Op. cit., p. 137.

↑ 13 Cette décision de faire durer un an l’histoire principale remonte à une règle fixée par le théoricien Antonio Minturno, qui affirme dans ses traités intitulés De poeta [1559] et L’Arte poetica [1564] (en s’inspirant de l’Iliade, qui chante des faits qui se sont déroulés durant la dixième et dernière année de la guerre de Troie) que l’histoire principale d’un poème épique doit raconter des événements qui ne dépassent pas la durée d’un an. La règle a été par la suite adoptée par les théoriciens du roman et par de nombreux romanciers du XVIIe siècle. Georges de SCUDÉRY, par exemple, dans la «Préface» d’Ibrahim ou l’Illustre Bassa (1641), exige que l’intrigue centrale d’un roman «ne dure qu’une année» (voir, sur ce dernier texte, l’anthologie de C. ESMEIN, Poétiques du roman. Scudéry, Huet, Du Plaisiret autres textes théoriques et critiques du XVIIe siècle sur le genreromanesque, Paris, Champion, 2004, p. 138-139).

↑ 14 On peut lire en effet dans le roman:« […] monsieur de Nemours lui conta [à la princesse], le plus succinctement qu’il lui fut possible, tout ce qu’il venait d’apprendre du vidame» (La Princesse de Clèves, éd. cit., p. 150).

↑ 15 Op. cit., p. 55.

↑ 16 Op. cit., p. 59.

↑ 17 Op. cit., p. 75.

↑ 18 Op. cit., p. 54.

↑ 19 Ce souci de variété se manifeste également dans le fait que deux épisodes de La Princesse de Clèves sont historiques (ceux qui concernent Diane de Poitiers et Anne de Boulen) et deux purement fictionnels (ceux qui concernent Sancerre, Estouteville et Madame de Tournon, et le vidame de Chartres).

↑ 20 J. ROUSSET, La littérature de l’âge baroque en France. Circé et le paon, Paris, Corti, 1954, p. 245-246.

Pour citer cet article :

Giorgetto GIORGI, La fonction des histoires secondaires dans « La Princesse de Clèves », Du labyrinthe à la toile / Dal labirinto alla rete , Publifarum, n. 26, pubblicato il 31/05/2016, consultato il 06/05/2024, url: http://www.farum.it/publifarum/ezine_articles.php?id=370

 

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