Yaru Wu, Martine Adda-Decker, Lori Lamel et Ioana Vasilescu (éds.), Variation phonétique en parole continue

di | 20 Ottobre 2022

Yaru WU, Martine ADDA-DECKER, Lori LAMEL et Ioana VASILESCU (éds.), Variation phonétique en parole continue, Studii de lingvistică, n. 11, 2021, 146 pp., https://studiidelingvistica.uoradea.ro/arhiva-fr-11-2021.html

Ce numéro de la revue Studii de lingvistică, publié sous la direction de Yaru Wu, Martine Adda-Decker, Lori Lamel et Ioana Vasilescu, est consacré à l’exploitation des ressources numériques en vue d’une analyse de la variation du français oral.

Le numéro s’ouvre par l’introduction (pp. 7-10), rédigée par les quatre directrices du numéro, présentant l’état des recherches sur la variation de la parole continue.

Christine Meunier et Brigitte Bigi (Variations temporelles des phonèmes en parole conversationnelle : propriétés phonétiques et facteurs lexicaux, pp. 11-38) s’intéressent aux variations temporelles des phonèmes présents dans la parole orale spontanée, à partir d’un corpus de dialogues spontanés (le Corpus of Interactional Data). Les variations temporelles sont étudiées sur la base des caractéristiques phonético-articulatoires des phonèmes et de caractéristiques lexicales des mots dans la parole conversationnelle.

L’article de Yaru Wu et Martine Adda-Decker (Distribution and deletion of /ʁ/ in fluent speech, pp. 39-53) est centré sur l’analyse de la distribution de la consonne fricative uvulaire voisée /ʁ/ et sur la prise en compte des facteurs qui déterminent sa suppression à l’oral. À partir de trois corpus oraux (un corpus de parole journalistique formelle, un corpus de parole journalistique informelle et un corpus de parole conversationnelle), les auteures visent à déterminer dans quelle mesure le contexte segmental et la position des mots dans la parole continue peuvent influencer la réalisation ou la suppression de /ʁ/.

Mélanie Lancien et Marie-Hélène Côté (Hypoarticulation as a tool for assessing social distance: an acoustic study of speech addressed to different types of interlocutors, pp. 55-84) entendent montrer – à partir d’un corpus d’interactions orales – combien les articulations des voyelles varient selon l’identité de chaque locuteur et la distance sociale entre les différents interlocuteurs.

Jérémi Sauvage (Français parlé, variations et didactique de la phonétique dans l’enseignement-apprentissage du FLE. Réflexions et propositions, pp. 85-103) s’interroge sur la nécessité de prendre en compte les variations du français oral dans les cours de phonétique corrective en FLE. Après une présentation des méthodes d’enseignement de la phonétique dans les manuels de FLE, l’auteur envisage la mise en place de plateformes numériques pour permettre aux apprenants un apprentissage interactif et en autonomie de la langue, surtout de sa composante orale.

Dans leur article, Damien Chabanal et Loïc Liégeois (Perception et traitement d’un phénomène de variation phonologique dans la parole continue parentale adressée à l’enfant : le cas de la liaison, pp. 105-122) s’intéressent au phénomène de la liaison chez les enfants, à partir de deux corpus d’interactions fil(le)s-parents. Les données recueillies montrent que tant l’input parental que le milieu social des parents sont deux facteurs clés pour la production de liaisons, obligatoires et facultatives, chez les enfants.

Enfin, l’article de John N. Green et Marie-Anne Hintze (L’élision en français : une catégorie qui nest plus catégorique) (pp. 123-146) traite de l’élision ; un phénomène phonologique qui a longtemps été marginalisé et présenté, à tort, comme l’opposé de la liaison. Au moyen d’une analyse menée sur un corpus historique de 18 interviews, les auteurs ont pu établir que l’élision, à l’instar de la liaison et de l’enchainement, est un phénomène de resyllabation à droite.

[Cosimo De Giovanni]