Marion COLAS-BLAISE, Maria Giulia DONDERO, Emmanuelle PELARD (éds.), Signifiant et matière : l’iconicité et la plasticité dans le document numérique verbal et visuel,

di | 26 Febbraio 2022

Marion COLAS-BLAISE, Maria Giulia DONDERO, Emmanuelle PELARD (éds.), Signifiant et matière : l’iconicité et la plasticité dans le document numérique verbal et visuel, « Semen », n° 49, 2021. https://journals.openedition.org/semen/14170

Ce dossier thématique s’ouvre par la présentation du numéro par Marion COLAS-BLAISE et Maria Giulia DONDERO qui illustrent l’idée de réunir six contributions sur les aspects du discours numérique et la composante textuelle, à savoir « la matérialité en relation avec l’iconicité et la plasticité » (p. 9). Ce dossier vise à traiter la question de la plasticité et de la matérialité du document numérique, considérant « les processus sémiosiques de production et de réception du sens à partir de la question de l’écriture numérique au sens large ». La spécificité de ce dossier est caractérisée par la mise à contribution de cadres théoriques et épistémologiques différents, explorant les possibilités de dialogues entre des disciplines : la sémiotique greimassienne et post-greimassienne, la linguistique textuelle et du discours, les sciences de l’information et de la communication et les sciences cognitives. Dans ce numéro de Semen, l’intérêt des contributions est centré sur la réflexion théorique des documents numériques traités sous l’angle des propriétés iconiques et plastiques, à travers des études de cas concrets, verbaux, visuels ou multimodaux.

La contribution d’Odile LE GUERN (Iconicité de la matière et iconicité du signifiant, deux modalités d’appropriation de l’œuvre d’art sur support numérique) traite le recours à la médiation de support numérisé des œuvres, dans l’enseignement de l’histoire de l’art ou de la sémiotique visuelle. La réception des peintures numérisées et projetées sur l’écran est différente par rapport à celle qu’offre la salle de musée : pour cette raison, les notions de matérialité, de plasticité, d’iconicité du signifiant et de figurativité doivent être reconsidérées. En outre, la nature de la peinture et de la photographie pose le problème de la typologie du contact à établir avec le récepteur. L’auteure considère que pendant une visite réelle, le visiteur découvre une peinture figurative et son champ visuel a accès simultanément aux composantes figurative et plastique ; mais sur le support numérique, le zoom simule le déplacement du visiteur qui découvre, seulement ensuite, le plan du figuratif et le détail pictural de l’œuvre.

Dans sa contribution (La saillance : origines perceptives, applications linguistiques, enjeux interdisciplinaires), Frédéric LANDRAGIN pose l’attention sur la notion de saillance qui est appliquée dans de nombreux champs d’étude de la communication non seulement linguistique et visuelle, mais aussi caractérisée par des systèmes sémiotiques, sociologiques ou économiques. L’auteur se propose de souligner les phénomènes de saillance qui se produisent pendant la compréhension du document numérique verbal et visuel, au point « d’en constituer une caractéristique essentielle ». En fait, la saillance devient une propriété essentielle de l’énonciation qui se réalise grâce à la numérisation, à l’adaptation aux contraintes informatiques et à la plasticité numérique. À travers des repères historiques et des recherches qui identifient les propriétés au niveau lexical, syntaxique ou sémantique, l’auteur se focalise sur l’exploration de la notion de saillance liée à l’iconicité et à la plasticité.

Audrey MOUTAT (Écriture et matérialité numérique, de la substance aux formes de l’expression) se penche sur les principes de l’écriture afin de constituer une sémiotique du numérique. À partir des notions de langage, langue et parole, l’auteure introduit le lecteur aux langages de description tels que HTML (Hypertext Markup Language) et CSS (Cascading Style Sheets), et au langage de programmation JavaScript, pour aborder la thématique de l’écriture dans les médias numériques. En particulier, les relations entre la matière et la substance, la substance et la forme de l’expression, les pratiques de lecture et les supports matériel(s) et formel d’écriture représentent les sujets principaux traités dans la contribution. Le lien entre écriture et matière implique trois matières de l’expression : celle du support, celle de l’écriture et celle du texte. Enfin, selon la chercheuse, le document numérique est un objet virtuel, mais il n’est pas immatériel.

Ingrid MAYEUR (Plasticité du billet de recherche en SHS. À propos des co-publications du blog Carnets de Terrain et du site The Conversation) examine la plasticité d’un genre de texte ou de discours numérique particulier, à savoir les billets de recherche de la plateforme de blogging en SHS Hypothèses.org, plus spécifiquement, du blog de la revue d’anthropologie et de sciences humaines Terrain et du site collaboratif The Conversation. L’étude proposée se développe sur la base d’un corpus composé de billets co-publiés dans les deux dispositifs médiatiques considérés. L’analyse traite l’énonciation éditoriale qui est associée aux deux dispositifs médiatiques par rapport au projet de communication qu’ils supportent. En outre, l’auteure considère des variantes génériques et (para)textuelles, montrant dans le détail les différences parmi les textes du corpus par rapport à la temporalité des deux dispositifs médiatiques qui déterminent des espaces de communication propres.

La contribution de Serena CIRANNA (Les évolutions du contenu textuel sur les réseaux socionumériques : une étude de la fonction « stories » d’Instagram) n’est pas disponible en ligne pour le moment. L’auteure propose une étude comparative du contenu textuel dans les stories et les posts publiés sur Instagram, la plateforme de partage d’images. À travers l’observation des deux différents contextes d’énonciation, les nouvelles formes de narration en ligne montrent la tendance au partage en ligne et la destination à la « consommation » rapide des textes-image. L’étude a le but de montrer l’évolution chronologique afin d’avancer l’hypothèse d’une évolution du rôle du texte dans le partage en ligne des contenus. En outre, l’auteure propose cinq critères pour identifier les différences du contenu textuel dans les stories et les posts. Enfin, grâce aux exemples fournis, il est possible de constater les différentes relations et interactions qui concernent le texte, l’image et les autres médias dans les stories.

Le dossier thématique s’achève sur la contribution de Rossana DE ANGELIS et Matilde GONÇALVES (Contraintes et enjeux de la matérialité numérique : les logiciels d’autocomplétion). Les auteures se focalisent sur l’usage des dispositifs d’écriture assistée par ordinateur commandés par les logiciels d’autocomplétion. La matérialité numérique et la plasticité du signe linguistique font l’objet de l’étude, impliquant deux approches complémentaires, à savoir la linguistique et la sémiotique. Après avoir fourni une présentation de la fonction de saisie automatique, les auteures proposent une étude de cas sur l’autocomplétion de Gmail. Pour ce qui concerne la saisie prédicative, les auteures réfléchissent sur la matérialité du signe linguistique à partir de la notion saussurienne de langue et sa relecture par Hjelmslev qui propose les notions de schéma, de norme et d’usage. Enfin, les rapports entre généricité et textualisation permettent une analyse du support pour comprendre le fonctionnement des genres et des textes numériques.

Dans ce numéro de Semen, il y a aussi une section consacrée aux Actualités scientifiques dans laquelle deux contributions sont proposées.

Bernard LYONNET (Mythe indo-européen et réalités linguistiques : pour une sémiotique historique) traite la question d’une langue mère indo-européenne, considérant des disciplines telles que l’histoire, la génétique et la linguistique diachronique. À partir des études de Meillet, Benveniste et Dumézil sur l’indo-européen, l’auteur fournit un cadre historique détaillé, des études génétiques sur des traces génomiques et des exemples pour montrer des innovations morphologiques. En outre, l’auteur propose un renouvellement de l’approche diachronique des phénomènes linguistiques et sémiotiques afin de présenter une approche inspirée de la sémiotique des cultures. Cette nouvelle approche, d’un côté, vise à mettre en cause la scientificité des reconstructions indo-européennes ; de l’autre, à ouvrir des nouvelles perspectives de recherche pour ce qui concerne la compréhension des signes anciens linguistiques ou archéologiques.

Michèle MONTE (Héritage saussurien et théories constructivistes du sens. À propos de la parution de Linguistiques anthropologique et référentielle de Pierre Frath) achève le recueil sur un compte rendu et une réflexion sur l’ouvrage Linguistiques anthropologique et référentielle de Pierre Frath. Après avoir présenté les thématiques traitées dans les chapitres de l’ouvrage, l’auteure réfléchit sur d’autres théories constructivistes du sens abordées par Frath afin de développer des analyses plus approfondies. Un excursus des points de vue constructivistes sur le fonctionnement du langage est proposé à partir de la conception de Frath « ancrée dans le social et l’interaction ». Les études liées au processus de nomination et d’interprétation sont présentées à travers l’exploration des différences et des ressemblances par rapport aux autres théories et recherches sur la linguistique, la praxématique, la dénomination, le sens figuré, l’approche sémantique des métaphores, la notion de sens commun et de cohérence.

[Gloria ZANELLA]

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