Catia NANNONI, Participe présent et gérondif dans la presse française contemporaine

di | 18 Febbraio 2021

Catia NANNONI, Participe présent et gérondif dans la presse française contemporaine, Bern, Peter Lang, LI (Linguistic Insights, vol. 259), 2019, 176 pp.

Malgré les nombreuses études qui portent sur les formes en -ant depuis trois siècles, la distinction entre le participe présent (Ppr) et le gérondif (GER) est loin d’avoir abouti. Dans ce volume, Catia Nannoni se propose, par l’observation de leur emploi dans la presse française, d’apporter sa contribution dans la tentative de cerner la nature de ces deux formes verbales.

À partir d’un corpus plutôt large (953 formes en – ant, dont 651 Ppr et 302 GER) de la presse française contemporaine, l’A. a confronté les deux formes à travers une approche à la fois quantitative et qualitative. C’est surtout à cette dernière que Nannoni attribue le plus d’importance, en considérant comme primordial d’adopter une approche non seulement interphrastique, mais aussi « transphrastique », voire textuelle, dépassant l’analyse ponctuelle, afin de mieux interpréter les valeurs de ces deux formes verbales dans des faits de langue authentiques.

Avant d’aborder l’analyse proprement dite, Nannoni fait un rapide tour d’horizon très édifiant des principales grammaires et études qui se sont penchées sur les formes en –ant. En partant des ouvrages généraux pour aller vers ceux qui sont plus particulièrement dédiés au système verbal, elle aboutit aux recherches consacrées aux deux formes verbales ; elle y présente l’opposition entre les tenants de « l’approche bi-morphématique », selon laquelle le GER serait une variante d’une même forme, et « l’approche mono-morphématique », où le GER est considéré comme une forme en soi, distincte du Ppr. L’analyse est menée dans deux parties distinctes, la première étant dédiée au Ppr, la seconde au GER, choix probablement dicté par une fréquence plus élevée du Ppr (plus du double) dans le corpus. Ajoutons que l’A. fait le choix de ne pas traiter spécifiquement de la divergence entre les deux formes, son objectif n’étant pas de mettre au jour leurs différences, mais d’examiner la valeur d’emploi de chacune d’elles dans la presse française actuelle. La présentation du participe présent et du gérondif s’inspire principalement des travaux de Halmøy (2003, 2008), partisane de l’approche mono-morphématique, qui propose un classement s’appuyant sur des critères à la fois syntaxiques, sémantiques, et textuels. L’A. est toutefois consciente que parfois les valeurs d’emploi se recoupent d’une catégorie à l’autre et que ce classement est fait surtout dans un souci de clarté.

Étant donné que les deux formes verbales ne possèdent pas les mêmes caractéristiques, les deux parties ne suivent pas la même organisation. La partie s’occupant du participe présent est divisée selon un classement grammatical de cette forme qui peut recouvrir la fonction d’épithète, d’attribut direct ou indirect de l’objet ou du sujet, voire même correspondre à un prédicat dans une construction absolue. En revanche, la partie portant sur le gérondif, qui est reconnu par tous comme ayant une relation de nature circonstancielle, est surtout construite sur les différentes valeurs interprétatives attribuées à cette forme ; il s’agit de l’acception temporelle, l’acception de cause, de condition, de moyen, d’inclusion, d’équivalence, qui ont été regroupées sous la macro-catégorie « relation interprédicative », et des acceptions de concomitance, de manière et de contiguïté temporelle, rassemblées sous la macro-catégorie « relation intraprédicative », catégories sur lesquelles l’A. ne s’étend pas beaucoup et dont il est difficile de mesurer la portée. Dans ces deux parties, l’A. s’est attachée aussi à examiner systématiquement et de façon transversale les emplois des deux formes verbales selon leur rapport au prédicat régissant, à savoir leur nature liée ou détachée et leur position (antéposée, postposée ou intercalée), ce qui lui a permis de relever surtout des tendances d’emploi préférentielles, sans constater d’incidences particulières sur l’interprétation. Il est à souligner l’abondance d’illustrations pour chaque cas, à travers un grand nombre d’exemples non seulement avec les deux formes verbales en question, mais aussi à travers des paraphrases utilisant d’autres structures, montrant de la sorte l’équivalence sémantique avec ces structures, ainsi que leurs différences.

Cette étude a abouti à plusieurs résultats significatifs à différents niveaux. À un niveau quantitatif, elle met au jour un emploi plus élevé de participes présents par rapport aux gérondifs dans les articles de presse, confirmant ainsi d’autres études allant dans ce sens (Escoubas-Benveniste, 2013, Halmøy, 2003). Cela concourt au constat déjà avancé par d’autres d’une distribution différente de ces formes au niveau diaphasique et diamésique, considérant également l’emploi grandissant des gérondifs à l’oral, en particulier dans des situations informelles. Au regard de chacune des deux formes verbales étudiées, la démarche analytique de Nannoni a permis aussi de révéler certaines tendances : le Ppr à fonction d’épithète liée apparait comme le Ppr le plus employé dans son corpus journalistique. Il possède une position flexible par rapport à son antécédent et peut être suivi d’expansions, ce qui lui permet d’avoir un certain « potentiel descriptif » ; il peut marquer les moments successifs d’une action, ou avoir un rôle « citationnel », rôle capital dans les articles de presse. En ce qui concerne le GER, c’est le GER d’inclusion ou d’équivalence qui apparait comme le plus fréquent dans le corpus ; notamment le « GER de reformulation » (Armavielle, 2010), peu relevé par les linguistes, et qui a surtout une fonction d’explicitation. Par ailleurs, mis à part les nombreux passages analysés où apparait l’ambivalence qui caractérise les gérondifs, cette étude a le mérite d’avoir recensé plusieurs gérondifs de « contiguïté temporelle » (Kleiber, 2007), qu’il est difficile de placer sous le « chapeau » habituel de la simultanéité temporelle. Il s’agit d’une nouvelle tendance à marquer la conséquence, déjà relevée par d’autres dans certaines constructions gérondives et en particulier par Hellqvist (2017) et que cette recherche a contribué à entériner.

[Sonia Gerolimich]

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