Rosa AGOST CANÓS, David ar ROUZ (éd.), Traductologie, terminologie et traduction, Paris, Éditions Classiques Garnier (coll. Translatio, 10,), 2021, pp. 277.
Cet ouvrage a été publié sous la direction de Rosa Agost Canós et de David ar Rouz avec le soutien de l’université Paris-Nanterre et de la Société française de traductologie. Le volume vise à approfondir la relation déjà connue entre terminologie et traduction à la lumière des évolutions sociales et politiques actuelles.
Cette publication s’ouvre par l’Introduction (p.7) rédigée par les deux directeurs qui présentent les trois parties constitutives d’un ouvrage conçu en tant que « parcours à travers les liaisons entre les langues, la terminologie, la traductologie et la traduction du point de vue de la profession et de la formation des traducteurs et traductrices » (p.13).
Le premier volet (La terminologie dans le monde) contient quatre contributions qui ont le mérite de remettre la terminologie au cœur de la découverte de domaines de spécialité au prisme des différentes langues du monde. Les deux premiers articles, celui de Loïc Depecker (Terminologie, traduction et rédaction spécialisées. Éléments de politique linguistique) (pp. 17-33) et celui de Jean Quirion et Judit Freixa (Les politiques terminologiques dans les langues minorisées. Étude comparée de la Catalogne et du Québec) (pp. 35-50) abordent l’importance liée à la définition de politiques linguistiques dans le cadre de l’aménagement terminologique (p.20) et dans un but de valorisation des langues minorisées.
Les deux contributions suivantes, celle de Jordi Bover (Terminologie catalane. Le centre de terminologie TERMCAT (pp. 51-61) et celle de Nava Maroto et Guadalupe Aguado de Cea (Les possibilités des données linguistiques liées ouvertes pour la terminologie et la traduction) (pp. 63-76) présentent des activités d’expertise-conseil, de normalisation, de recherche terminologique et de traduction menées par des organismes spécifiques dans les contextes catalan et espagnol.
Le deuxième volet du volume (La terminologie dans les centres de formation) comprend six articles qui, dans leur ensemble, se penchent sur le rôle indispensable de la terminologie dans une société du savoir.
D’après Rosa Agost Canós (Les liaisons avantageuses entre les traducteurs et la terminologie) (pp. 79-90) et David ar Rouz (Didactique de la traduction. Peut-on enseigner une démarche terminographique scientifique ?) (pp. 91- 115) la planification didactique de la terminologie dans les cours universitaires de traduction nécessite d’une réflexion critique qui porte à la fois sur les objectifs et sur les méthodes.
La dimension technologique est explorée par Anna Estellés (Description d’un cours de terminologie en ligne) (pp. 117-129), mais également par María-Teresa Ortego-Antón (Les possibilités de DiCoEnviro en version frames comme ressource pour la traduction) (pp. 131-140) : si Anna Estellés analyse l’apport issu d’une formation en ligne en rapport avec l’acquisition de compétences professionnelles, María-Teresa Ortego-Antón montre l’intérêt lié à l’intégration de la base de données terminologique multilingue DiCoEnviron aux logiciels de traduction assistée par ordinateur.
La technologie peut aussi favoriser la construction d’un environnement de travail collaboratif, ce qui est mis en avant tout particulièrement par l’étude de David ar Rouz, Fabienne Moreau, Franck Barbin, et Charles Gruenais (TermiCo. Terminographie collaborative) (pp. 141-155) qui présentent l’outil TermiCo ayant été conçu à cet effet, à savoir, dans le but de rendre possibles les échanges entre traducteurs, terminographes, réviseurs, auteurs et clients en ligne.
Cette deuxième partie du volume se termine par l’article de Marjan Alipour et Marie-Claude L’Homme (Une typologie revisitée de la synonymie) (pp. 157-171) qui porte sur le rapport entre terminologie et synonymie en ayant notamment le mérite de fournir des critères pour distinguer les termes synonymiques parfaits de ceux qui s’avèrent quasi-synonymiques et donc ne peuvent pas être adoptés de manière interchangeable dans tous leurs contextes d’usage.
Le troisième volet de cet ouvrage (La terminologie dans la profession) est constitué de cinq contributions qui permettent de voir de plus près les défis terminologiques et traductifs posés par différents univers. Cette exploration est introduite par Alicia Chabert (Le rôle de la terminologie dans la gestion de projets de traduction) (pp. 175-187) qui prône l’élaboration de nouvelles pistes de recherche sur la gestion terminologique appliquée à la traduction.
L’étude de Weiwei Guo (Dynamique entre la traduction et l’implantation de la terminologie. Le cas des descripteurs œnologiques en chinois) (pp. 189-198) se focalise sur la description de stratégies de traduction en œnologie qui visent à établir des équivalences formelles et fonctionnelles afin de combler la distance sémantique et culturelle entre langues en traduction dans ce domaine de spécialité.
Elvin Abbasbeyli dans son étude intitulée Les difficultés de traduction et de transfert de la terminologie religieuse dans un traité de paix multilingue (turc, russe, italien). L’exemple du Traité de KüçüK Kaynarca (1774) (pp. 199-210) analyse la traduction et le transfert de la terminologie de l’islam à partir de la prise en compte de l’étymologie des concepts concernés.
Le langage juridique est au centre de l’étude d’Alina Buşila (Moyens d’expression utilisés dans la formation des termes juridiques en anglais et en roumain) (pp.211-223) et de Marie-Hélène Girard (Traduire le droit international pénal. Du concept international de génocide à ses définitions nationales) (pp.225-244) qui clôturent ce volume en mettant en relief la richesse expressive du droit dans ces multiples conceptions nationales et internationales.
[Ilaria CENNAMO]