Silvia CALVI, La collocation en terminologie: Méthodologie de l’extraction semi-automatique et exploitation d’un corpus dans le domaine du commerce international,

di | 17 Ottobre 2025

Silvia CALVI, La collocation en terminologie: Méthodologie de l’extraction semi-automatique et exploitation d’un corpus dans le domaine du commerce international, Paris, Éditions L’Harmattan, 2024, 214 pp.

L’ouvrage de Silvia Calvi, préfacé par Patrick Drouin, est consacré à l’extraction, l’analyse et la représentation des unités phraséologiques de type collocation dans le domaine du commerce international. Il est structuré en cinq chapitres, précédés d’une introduction et suivis d’une conclusion ainsi que d’une annexe.

Le premier chapitre (« Le figement linguistique : le cas des collocations », pp. 17-50) retrace l’histoire et l’évolution du concept de figement linguistique depuis les premières réflexions des grammairiens au XVe siècle. Un tournant majeur est apporté par la Théorie Sens-Texte de Žolkovskij et Mel’čuk, dont la branche lexicale, la Lexicologie Explicative et Combinatoire, fournit une définition et une classification précises des phénomènes phraséologiques. L’auteure souligne ensuite l’intérêt du figement dans différents domaines, notamment la traduction, la lexicographie, l’enseignement/apprentissage du lexique, et le traitement automatique des langues. Le chapitre se termine par une section dédiée aux collocations en langue générale, traditionnellement abordées dans la recherche linguistique à l’aide d’approches quantitatives, qualitatives ou hybrides.

Le chapitre suivant (« Pour une définition de collocation en terminologie », pp. 51-64) porte sur les collocations en langue de spécialité. L’auteure distingue les entités terminologiques (termes simples et complexes) des collocations terminologiques, unités phraséologiques semi-contraintes qui représentent les propriétés de la combinatoire des termes. Elle montre ensuite que les fonctions lexicales peuvent également être adaptées à la langue de spécialité. En l’absence d’une formulation univoque et universellement reconnue, Calvi avance en fin de chapitre sa propre définition de la collocation en terminologie : “un phrasème semi-contraint, récurrent en termes de fréquence et au PMI positif, composé de deux éléments – la base, terme du domaine de référence, et le collocatif – qui se relient par un lien sémantico-syntaxique typique de la langue générale aussi bien que de la langue de spécialité (FL standard) ou du seul domaine de référence (FL typique du domaine d’étude)” (pp. 62-63).

Le troisième chapitre (« Méthodes et outils pour le repérage des collocations », pp. 65-76) est consacré aux méthodes d’extraction automatique des collocations terminologiques. Après avoir présenté les principales approches reposant sur des critères statistiques, linguistiques et hybrides, l’auteure en précise les avantages et les limites. Elle insiste sur la nécessité d’une extraction semi-automatique qui combine des méthodes computationnelles avec l’intervention humaine pour un repérage fiable des collocations.

Le quatrième chapitre (« De la constitution d’un corpus créé ad hoc à la proposition d’une méthode pour l’extraction semi-automatique des collocations en terminologie », pp. 77-97), détaille les critères de constitution du corpus DIACOM-fr 1985-2020, conçu dans le cadre du projet DIACOM pour l’étude de la terminologie du commerce international. L’auteure expose ensuite la méthodologie semi-automatique développée pour le repérage des collocations, qui comprend l’extraction des paires de mots à l’aide de Stanza et TermoStat Web 3.0, suivie d’un filtrage manuel pour valider la pertinence des paires et déterminer leur statut phraséologique.

Le dernier chapitre (« Les collocations terminologiques du domaine du commerce international », pp. 99-123) présente les résultats de l’extraction semi-automatique. 950 collocations terminologiques ont été identifiées et réparties en deux groupes : 354 de type Nom + Adjectif et Nom + Préposition + Nom, et 596 de type Nom + Verbe. Leur analyse, conduite en s’appuyant sur le modèle de la Lexicologie Explicative et Combinatoire, montre que les fonctions lexicales constituent un outil efficace pour formaliser les relations sémantico-syntaxiques en terminologie.
La deuxième partie du chapitre est consacrée à la représentation de ces unités phraséologiques dans une ressource terminologique. Au lieu de fournir directement la liste des collocations (placée en annexe, pp. 151-208), l’auteure propose un guide de lecture qui en explicite la structure et les modalités de consultation. Les 950 collocations sont organisées autour de 147 bases, présentées en ordre alphabétique. Chaque entrée associe la base à ses collocatifs par une fonction lexicale ou un sémantisme récurrent, et comporte des informations sur la position du collocatif, sa catégorie grammaticale et une glose explicative. 

La conclusion (pp. 125-127) revient sur les principales contributions de l’ouvrage : une définition opérationnelle de la collocation en terminologie, l’élaboration d’une méthodologie d’extraction semi-automatique des collocations et la conception d’une ressource terminologique destinée aux experts du secteur, traducteurs, rédacteurs et enseignants et apprenants de FLE.

L’ouvrage de Silvia Calvi se distingue par la solidité de son cadre théorique et l’originalité de la méthodologie proposée. Appliquée au domaine du commerce international, l’approche d’extraction semi-automatique des collocations que l’auteure propose représente un modèle reproductible et transférable à d’autres domaines de spécialité. La ressource terminologique qui en résulte témoigne concrètement de la portée de la recherche menée. Cette étude s’impose ainsi comme une contribution majeure en terminologie, ouvrant de nouvelles perspectives pour l’étude des unités phraséologiques en langues de spécialité.

[Rita GRAMELLINI]