Salon des Femmes Illustres

À nos aimés et feéaux conseillers  tenants nos Cours et Parlements, Maîtres des Requêtes ordinaires de notre Hôtel, Baillis, Sénéchaux, Prévôts, leurs Lieutenants et tous autres de nos Justiciers et Officiers qu'il appartiendra, salut. Notre cher et bien aimé sieur De Scudéry nous a fait remontrer qu'il a composé un livre intitulé Les Femmes Illustres ou les Harangues Héroïques, avec les Portraits tirés sur les Médailles antiques. Lequel livre il désirerait faire imprimer s'il nous plairait lui accorder nos Lettres sur ce nécessaires. A ces causes, désirant traiter favorablement ledit Exposant, Nous lui avons permis et permettons par ces présentes de faire imprimer, vendre et débiter ledit livre en tous les lieux de notre obéissance par tel imprimeur ou libraire qu'il voudra choisir, en un ou plusieurs volumes, en telles marges, en tels caractères et autant de fois que bon lui semblera, durant l'espace de dix ans entiers et accomplis, à compter du jour que chaque volume sera achevé d'imprimer pour la première fois. Et faisons très expresses défenses à toutes personnes de quelque qualité et condition qu'elles soient de l'imprimer, faire imprimer, vendre ni distribuer en aucun lieu de notre obéissance durant ledit temps, avec figures et sans figures, ni d'en distraire aucune chose, ni d'en emprunter le titre et le frontispice sans le consentement de l'Exposant, ou de ceux qui auront droit de lui, à peine de quinze cents livres d'amende, payables par chacun des contrevenants, applicables un tiers à Nous, un tiers à l'Hôtel Dieu de Paris et l'autre tiers à l'Exposant ou au Libraire qu'il aura choisi; de confiscation des exemplaires contrefaits et de toutes dépenses, dommages et intérêts, à condition qu'il sera mis deux exemplaires dudit livre en notre Bibliothèque publique, et un en celle de notre très cher et feal le sieur Seguier, Chevalier, Chancelier de France, avant que de l'exposer en vente, à peine de nullité des présentes, du contenu desquelles nous vous mandons que vous fassiez jouir pleinement et paisiblement l'Exposant et ceux qui auront droit de lui, sans souffrir qu'il leur soit fait ni donné aucun empêchement. Voulons aussi qu'en mettant au commencement ou à la fin dudit livre un extrait des présentes, elles soient tenues pour dûment signifiées et que foi y soit ajoutée, et aux copies collationnées par l'un de nos aimés et feaux Conseillers Secrétaires, comme à l'original. Mandons au premier notre Huissier ou Sergent sur ce requis de faire pour l'exécution des présentes tous exploits nécessaires, sans demander autre permission. Car tel est notre plaisir, nonobstant Clameur de Haro, Charte Normande et autres Lettres à ce contraires. Donné à Paris, le dixième jour de décembre l'an de grâce mil six cents quarante-un. Et de notre règne le trente-deuxième, Signé par le Roy en son Conseil



SAULGER. Et scellé