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Cléopâtre à Marc-Antoine

TROISIEME HARANGUE -

ARGUMENT -

Après la perte de la bataille d'Actium, arrivée par la fuite de Cléopâtre qui fut suivie de celle d'Antoine, il eut quelque opinion qu'elle l'avait voulu trahir et lui en témoigna ses ressentiments. Mais cette belle et adroite égyptienne, qui lui voulut ôter une impression qui lui était si désavantageuse lui parla de cette sorte en faveur de son innocence. Au moins ai-je fondé les paroles que je mets en la bouche de cette reine, sur des conjectures de l'histoire et voici, selon mon sens, ce qu'elle pût dire en cette occasion, à cet amant irrité.

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Cette reine en son mauvais sort,
Comme de la pitié, peut donner de l'envie,
Puisque la gloire de sa mort,
ôte la honte de sa vie.

Il est donc vrai que Antoine a pu soupçonner Cléopâtre d'avoir favorisé son ennemi? qu'il a pu penser que, de sa propre main, elle avait voulu lui arracher la couronne que la victoire allait lui mettre sur la tête? et pour tout dire, en une seule parole, qu'il a cru qu'elle l'avait trahi? Ah ! s'il est ainsi et que par mon discours, je ne puis remettre la raison en votre âme en lui donnant d'autres sentiments de ma fidélité, je ne veux plus de vie et la mort est le terme de mes souhaits. Non Antoine, si je suis morte en votre cœur, je ne veux plus vivre au monde et, peut-être, que ma perte vous fera voir que je n'ai pas voulu la vôtre. Mais dites-moi de grâce, ô illustre empereur, par quelle voie, par quelle libéralité ou par quelles espérances, Octave a-t-il pu suborner ma fidélité? Ce ne peut du moins pas être une nouvelle passion qui ait surpris mon cœur en conquérant le sien, puisque nous sommes également inconnus l'un à l'autre. Ce ne peut pas être aussi par des présents, car que pourrais-je recevoir de lui que je n'ai reçu de vous qui m'avez donné des royaumes tout entiers et qui, enfin, me faites régner sur la plus grande partie de l'Asie? Mais quand il serait vrai que j'aurais pu me résoudre à vous abandonner pour suivre son parti, quelle sûreté aurais-je pu prendre en ses paroles? où sont les otages qu'il m'a envoyés pour l'assurance de notre traité? où sont les places qu'il m'a rendues? Quoi Antoine, j'aurais pu me fier à la parole de César, lui qui est le frère d'Octavie, lui qui publiquement dans Rome m'a déclaré la guerre et qui me connaît bien plutôt sous le nom de cette égyptienne plus fameuse - à ce qu'il dit - par ses enchantements que par sa beauté, que non pas par celui de Cléopâtre. Quoi Antoine, j'aurais pu m'assurer en lui ! Cléopâtre se serait elle-même chargée des chaînes. Elle aurait, de ses propres mains, attaché ses bras au char de triomphe de son ennemi, et, qui pis est encore, ennemi d'Antoine, et par une imprudence et une ingratitude qui n'eurent jamais d'exemple, elle aurait trahi un homme qui a trahi sa propre gloire pour l'amour d'elle; qui s'est rendu l'ennemi de son pays en sa considération; qui a abandonné la sœur de César plutôt que de l'abandonner; qui a partagé sa puissance avec elle; qui a préféré ses intérêts à ceux de l'empire romain; et qui, pour tout dire, lui a donné son cœur absolument. Ah ! non, Antoine, toutes ces choses sont hors d'apparence, et il suffit presque de voir que je n'ai pas oublié les obligations que je vous ai, pour faire croire que je suis innocente. Mais s'il m'est permis d'y ajouter encore une autre raison, je dirai que comme on n'oublie pas aisément les bienfaits d'autrui quand on est généreux, on n'aime pas aussi à perdre les siens propres et rarement voulons-nous effacer par des injures les bons offices que nous avons faits à quelqu'un. Considérez donc s'il est possible - pardonnez-moi, si je parle ainsi -, qu'après avoir fait pour vous tout ce que j'ai fait, je veuille moi-même en étouffer le souvenir en votre âme et, de ma propre volonté, mettre la haine dans un cœur dont l'empire m'a coûté tant de vœux et tant de soins. Car s'il vous en souvient, mon cher Antoine, vous fûtes plutôt ma conquête que je ne fus la vôtre. La renommée m'avait déjà fait un portrait de vous qui, me donnant de l'admiration, me fit prendre le dessein de vaincre, en votre personne, le vainqueur de tous les autres. Et quoi que mes yeux eussent quelques fois remporté d'assez illustres victoires, et qu'entre leurs captifs ils pussent conter des Césars et des demi-dieux, je ne me fie pourtant point à leurs charmes. Ma beauté me fut suspecte en cette occasion, je la crus trop faible pour vous vaincre et, comme vous étiez le plus magnifique de tous les hommes, je voulus que l'amour n'entrât dans votre cœur que par la magnificence, et que le jour de sa prise semblât plutôt un jour de triomphe qu'un jour de combat. Je voulus donc vous éblouir par la beauté de mes armes, car s'il vous en souvient, mon cher Antoine, le premier jour que je vous vis, je parus dans un vaisseau dont la poupe était d'or, les voiles de pourpre et les rames d'argent qui, par une cadence mesurée, suivaient le son de divers instruments concertés ensemble. J'étais sous un pavillon tissé d'or, et comme je savais que votre naissance était divine puisque vous êtes descendu d'Hercule, j'avais, comme vous ne l'ignorez pas, un habillement pareil à celui qu'on donne à Vénus. Toutes mes femmes étaient habillées magnifiquement en nymphes et cent petits amours, à l'entour de moi, étaient encore un effet du désir que j'avais de vous vaincre car enfin, mon cher Antoine, ce petit armement n'était fait que contre vous. Ce ne fut donc pas sans dessein que je vous surmontai, j'employai toutes choses pour cela, et tout ce que la beauté, l’esprit, l'adresse et la magnificence peuvent faire ne fut pas oublié en cette occasion. Je sais bien que c'est une imprudence de vous parler de toutes ces choses, dans un temps si éloigné de la félicité de celui-là, mais cette journée me fut si glorieuse que je n'en puis jamais perdre la mémoire, et puis à parler raisonnablement ce souvenir n'est pas inutile à ma justification. Car le moyen de penser que j'ai voulu moi-même perdre ma conquête c'est un sentiment qui n'est jamais tombé dans l'esprit de tous les conquérants. Alexandre aurait sans doute mieux aimé perdre la Macédoine que la Perse, ce royaume-là était le bien de ses pères. Mais celui-ci était véritablement à lui et, par la même raison je me perdrais plutôt moi-même que de vous perdre. Vous savez encore, si je ne me trompe, que je ne fus pas un vainqueur rigoureux : les chaînes que je vous donnai n'étaient point pesantes; mes lois n'avaient rien de rude et, de la façon dont j'en usai, il eut été difficile de connaître le victorieux. Depuis cela qu'ai-je fait, Antoine, qui me puisse rendre suspecte? Il est vrai que j'ai oublié ma propre gloire, mais ç’a été pour l'amour de vous. Oui, j'ai souffert qu'on m'ait diffamée à Rome et, quoique l'orgueil de votre nation, qui traite toutes les étrangères de barbares et toutes les reines d'esclaves, m'ait empêché d'être votre femme, l'affection, que j' ai pour votre personne, a été si forte que je n'ai pas laissé d'être à vous. Oui, Antoine, je vous ai aimé plus que mon honneur et plus que ma vie. J'ai cru qu'il ne pouvait être injuste d'aimer un homme digne du rang des dieux et que la passion, que j'avais dans l'âme, avait une si noble cause quelle me rendait excusable, de sorte que sans considérer les malheurs qui m'étaient préparés, je vous ai toujours constamment aimé, depuis le premier jour que je vous l'ai promis. Jugez, après cela, si j'ai pu vous trahir, ou pour mieux dire, si j'ai pu me trahir moi-même. Il est vrai que j'ai pris la fuite, mais, généreux Antoine, si j'ai fui ce n'a été que pour l'amour de vous. J'ai méprisé la victoire pour conserver votre vie, et votre personne m'a été plus chère ni que votre gloire, ni que la mienne. Je vois bien que ce discours vous étonne et vous surprend mais, pour vous le faire comprendre, souffrez que je vous dise en quel état se trouva mon âme, lorsqu'au milieu du combat je vous vis tout couvert de traits et de flammes. La mort que je voyais en tant de lieux me faisait appréhender la vôtre; toutes les javelines des ennemis me semblaient ne s'adresser qu'à vous et, de la façon dont mon imagination me représenta la chose, je crus que toute l'armée de César ne voulait combattre qu'Antoine. Il me sembla même, plus d'une fois, que je vous avais vu entraîner par force dans les vaisseaux ennemis ou tomber mort à leurs pieds. Et quoique ceux qui m'environnaient m'assurassent que mes yeux me trompaient et que la victoire était encore incertaine, que ne disais-je point en ces funestes moments? et quelle douleur ne sentais-je pas? Ah ! mon cher Antoine ! si vous saviez en quelle peine se trouve une âme qui voit la personne aimée au hasard de mourir à chaque instant, vous trouveriez que c'est le plus effroyable tourment que l'on puisse jamais endurer. Mon cœur reçut tous les coups que l'on vous porta, je fus captive toutes les fois que je crus que vous l'étiez, et la mort même n'a rien de si rude que je n'éprouvasse en cette occasion. En ce déplorable état, je ne trouvais point de remède à ma douleur et mon imagination, devenant toujours plus ingénieuse à me persécuter, après m'avoir persuadé que tous les ennemis voulaient votre mort, me persuadait ensuite qu'ils songeaient à conserver votre vie pour se rendre maîtres de votre liberté. Ce premier sentiment me donnait sans doute un instant de repos mais l'image du triomphe de César se présentant tout d'un coup à moi je retombais dans mon premier désespoir. Ce n'est pas, mon cher Antoine, que je vous crusse capable de suivre le char d'un vainqueur mais je crus que, pour éviter cette suprême infortune, vous auriez recours à la mort et qu'ainsi de quelque façon que fût la chose, je me trouverais toujours également malheureuse. Je cherchais quel serait le poison que je choisirais pour vous suivre, et il n'est point de funeste résolution qui ne me passât en l'esprit. Je pensai plus de vingt fois me jeter dans la mer pour me délivrer de la peine où j'étais. Néanmoins, comme je ne pouvais mourir sans vous quitter, je ne pus suivre ce dessein. Mais tout d'un coup, venant à considérer la forte passion que vous m'avez toujours témoignée, je crus que si vous me voyez abandonner l'armée, vous l'abandonneriez aussi et que, par là, j'avais trouvé un moyen de conserver votre vie et votre liberté tout ensemble. Car -disais-je en moi-même, après avoir formé cette résolution- César ne cherche pas tant la victoire que la vie ou la liberté d'Antoine, et pourvu qu'il n'ait ni l'une ni l'autre, je me consolerai de la perte de la bataille. Enfin, mon cher Antoine, je fis ce que mon affection et mon désespoir me conseillèrent de faire, et vous fîtes ce que j'avais attendu de votre amour. Je n'eus pas si tôt vu que quittant votre vaisseau, vous preniez une galère pour me suivre que mon cœur se laissa surprendre à la joie. Il me sembla que c'était moi qui gagnais la bataille, puisque je vous conservais et, venant à penser que César eût voulu échanger sa fortune avec la mienne, j'étais presque consolée de toutes mes disgrâces. Mais ce qui me donna le plus de satisfaction en cette funeste journée fut de voir qu'Antoine avait été capable de préférer Cléopâtre au désir de vaincre ses ennemis, qu'il avait mieux aimé la suivre infortunée que de poursuivre sa victoire et qu'enfin l'empire de tout le monde lui était moins cher que Cléopâtre. Cette pensée est si douce qu'encore que ma fuite nous ait mis au rang des vaincus, je ne puis toutefois m'en repentir et, de la façon qu'est la chose, la bataille d'Actium ne sera pas si glorieuse pour César que pour Cléopâtre. Il a vaincu des soldats qui n'avaient plus de chef, mais Cléopâtre a vu le plus vaillant de tous les héros jeter ses armes pour la suivre. Or, pour achever de me justifier, souvenez-vous, mon cher Antoine, qu'aussitôt que vous vous fûtes détaché de vos vaisseaux, je fis mettre sur la poupe du mien une banderole, pour vous avertir que c'était là où vous deviez me trouver. Jugez si cette action est d'une criminelle, car si j'eusse eu dessein de me séparer de vous, il m'était aisé de ne vous recevoir pas, puisque j'avais soixante voiles et que vous n'aviez qu'une simple galère. Si je vous avais trahi, il m’eût été aisé de vous remettre entre les mains de César et par là lui donner véritablement la victoire; si j'avais essayé de me ranger du côté des ennemis; si la route que je prenais vous eût pu être suspecte, je dirais que vos soupçons sont légitimes, mais, au contraire, ma fuite n'ayant été qu'un effet de mon désespoir et de mon amour, vous devez vous plaindre de la fortune, et non pas accuser Cléopâtre. Au reste ne vous imaginez pas ni que cette victoire soit fort glorieuse à César, ni que votre retraite vous soit honteuse, vous n'avez pas fui vos ennemis, mais vous avez suivi Cléopâtre. Vos soldats ont étés vaincus par César mais, vous, vous ne l'avez été que de l'amour seulement. Si cette bataille était la première occasion de guerre où vous vous fussiez trouvé, votre valeur pourrait être mise en doute, mais elle est si universellement connue qu'aucun ne la peut ignorer. Il n'y a presque point de peuple où vous n'ayez rendu des preuves de votre courage en votre première jeunesse, et certes il fallait que vous en eussiez beaucoup donné, puisque le grand Jules César vous choisit pour commander la pointe gauche de son armée, en cette fameuse bataille de Pharsale, et en une journée d'où dépendait la conquête de l'empire de tout le monde. Et puis, Octave sait assez que vous savez l'art de combattre et de vaincre. La bataille, que vous gagnâtes contre Cassius, ne lui permet pas d'en douter et moins encore la victoire que vous remportâtes sur Brutus, vu qu'en cette occasion on ne peut dire que vous avez vaincu les vainqueurs d'Octave puisque, comme vous savez, il avait perdu la bataille quelques jours auparavant et avait fui lâchement devant ceux que vous surmontâtes peu de temps après, mais avec cette différence que l'amour a fait votre fui te et que la crainte faisait peut-être la sienne. Vous voyez donc bien, mon cher Antoine, que vous êtes vaincu sans honte et que votre ennemi a presque vaincu sans gloire. Et puis nos affaires ne sont pas encore désespérées, vous avez une puissante armée auprès d'Actium qui n'est pas encore sous les enseignes de César. Mes royaumes ont encore des hommes, de l'argent et des places fortes, et je veux que tous mes sujets répandent jusqu'à la dernière goutte de leur sang, pour conserver le vôtre et votre liberté. Mais enfin, quand la fortune vous ôtera avec injustice toutes les couronnes que votre mérite et votre valeur lui ont arrachées par force, sachez que Cléopâtre ne vous en aimera pas moins. Non, mon cher Antoine, quand cette ennemie des personnes illustres nous réduirait à vivre sous une cabane de chaume en quelque lieu séparé de la société des hommes, j'aurais pour vous le même respect que j'avais, en ce bien heureux temps, où vous donniez des royaumes et où l'on voyait vingt-deux rois à votre suite. Ne craignez donc point que le malheur m'épouvante. Il n'y en a qu'un que je ne puis jamais souffrir avec vous et, sans doute, vous ne souffrirez pas aussi. Oui, Cléopâtre peut être exilée avec Antoine sans se plaindre, elle peut renoncer à toutes les grandeurs de la royauté et conserver encore le désir de la vie mais, pour la servitude, c'est ce qu'elle ne saurait endurer, et ce qu'elle sait bien que vous ne souffrirez non plus qu'elle. Soyez donc assuré que, bien loin d'avoir intelligence avec César, je vous engage ma parole de mourir plutôt que de me fier en lui et me mettre au hasard de servir à son triomphe. Non, Antoine, Cléopâtre ne portera jamais de chaînes et, si la fortune la conduit au terme de n'avoir point d'autre chemin à choisir que celui de Rome ou celui de la mort, la fin de sa vie justifiera l'amour que vous avez pour elle et son innocence. Mais, auparavant que d'en venir à cet extrême remède, faisons toutes choses pour résister à nos ennemis. Conservons la vie aussi longtemps que nous le pourrons sans honte, car enfin elle ne nous doit pas être indifférente tant que nous nous aimerons parfaitement. Il me semble, mon cher Antoine, que je vois dans vos yeux que mon discours n’a pas été inutile. Ils me disent que votre cœur se repent de m'avoir injustement soupçonnée, qu'il voit mon innocence aussi pure qu'elle est et que l'amour, qu'il a pour moi, est si forte qu'il ne laisse pas d'aimer encore la personne qui lui a arraché la victoire d'entre les mains. Pour moi, mon cher Antoine, vous serez toujours ma plus forte et ma dernière passion. J'avoue bien que, dans un temps où je ne vous connaissais point, la gloire de Jules César avait touché mon cœur et que je ne pus m'empêcher d'aimer un homme qui, par toute la terre, passait pour le premier des mortels. Un homme, dis-je, que vous avez autrefois jugé digne de l'empire de tout le monde, puisque ce fut vous qui lui en rendîtes les premiers honneurs, en lui mettant un diadème sur la tête au milieu de Rome et que ce fut vous qui, après sa mort, fûtes cause qu'il fut mis au rang des dieux, par la belle et forte harangue que vous fîtes au peuple romain, qui chassa Brutus et Cassius, porta la flamme dans leur palais et signala votre courage et votre amitié. Mais depuis que je vous ai vu, je puis vous assurer que vous avez régné souverainement en mon âme et que vous y régnerez toujours. C'est un empire que la fortune ne vous a pas donné et qui, n'étant point de sa domination, sera toujours à vous malgré son injustice. Elle peut renverser tous les royaumes et tous les empires, mais elle ne changera jamais mon cœur, et tout ce qui a accoutumé de détruire les affections les plus fortes ne fera qu'affermir la mienne. Et pour vous témoigner que je sais aimer plus parfaitement que vous, en ne soupçonnant pas votre amitié d'aucune faiblesse. Oui, Antoine, je crois qu'encore que Cléopâtre soit la cause de tous vos malheurs, elle fera toujours toute votre félicité et que, sans vous repentir jamais de l'avoir aimée, elle régnera toujours en votre âme, comme vous régnerez en la sienne. Allons donc, mon cher Antoine, allons dans Alexandrie faire nos derniers efforts pour vaincre ceux qui nous ont vaincus. C'est là que nous trouverons, peut-être, encore de quoi repousser l'insolence de nos ennemis. Mais s'il arrive enfin, que le ciel ait résolu notre perte, que la fortune devienne constante à nous persécuter, que l'espérance nous soit absolument défendue, que tous vos amis vous abandonnent, que tous mes sujets me trahissent et se rangent du parti le plus fort, s'il arrive, dis-je, que toutes ces choses nous adviennent, nous trouverons toujours mon tombeau dans Alexandrie et, pour mériter de nos ennemis la grâce d'y laisser nos cendres ensemble, il faudra signaler notre mort en évitant la servitude et, de cette sorte, nous leur arracherons le plus noble fruit de leur victoire et vaincrons César même en mourant.


EFFET DE CETTE HARANGUE

Ceux qui aiment se laissent aisément persuader des choses qui leur peuvent plaire, et la voix de ce beau monstre du Nil ne manqua pas d'attirer l'âme d'Antoine, au point qu'il la désirait. Il n'avait pas suivi Cléopâtre pour l'abandonner après, et sa colère étant un effet de son amour aussi bien que l'avait été sa fuite, il ne lui fut pas plus difficile de s'apaiser que de fuir. Il crut donc tout ce qu'elle voulut lui dire, il se repentit d'avoir soupçonné sa fidélité et ne se repentit plus d'avoir perdu l'empire du monde pour conserver Cléopâtre. Il la suivit dans Alexandrie où, quoiqu'elle fût plus généreuse cette seconde fois que la première, ils ne furent pas plus heureux. Et de toutes les choses qu'elle lui avait promises, Cléopâtre ne put donner à Antoine que la moitié de son tombeau.


 

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